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Wimbledon 2016 :

Djokovic - Murray, finale inéluctable ?

The Championships (27 juin - 10 juillet) débute demain. Novak Djokovic (n°1 du classement ATP) et Andy Murray (n°2), les deux favoris, peuvent s'affronter en finale du simple masculin, après l'avoir fait à Roland Garros et lors de l'Open d'Australie cette année. Une telle série serait inédite dans l'ère Open. Va-t-elle se réaliser ? Etat des lieux des arguments qui plaident en sa faveur... ou pas, avec une petite dose de mauvaise foi.


Novak Djokovic ne s'est incliné qu'une seule fois lors de ses 17 dernières rencontres sur le circuit ATP, c'était contre Andy Murray (à Rome) et... c'était en finale. Ce même Murray n'a perdu que 2 de ses 22 derniers matchs officiels. C'était contre Djokovic (à Roland Garros et Madrid) et... c'était en finale. 

Les deux hommes pénétreront-ils sur le Center Court de Wimbledon le 10 juillet prochain ?

OUI... car Djokovic est intouchable et Murray est chez lui

Il marche sur l'eau et sur ses adversaires : Novak Djokovic est sur une dynamique fabuleuse. Après onze tentatives infructueuses ("record" de persévérance), il a enfin conquis les Internationaux de France, devenant ainsi le cinquième homme de l'ère Open à compter les quatre tournois du Grand Chelem (dont il est le tenant) à son palmarès. 

Dans la poursuite de sa quête de grandeur, remporter ces quatre trophées majeurs en une même saison est un nouveau cap à franchir. Et rien, a priori, ne vient enrayer la belle mécanique de son cercle vertueux. 

Andy Murray, lui, ne grimpe pas dans les hautes sphères de son sport de manière aussi vertigineuse, mais il fait preuve d'une grande régularité. Une première finale à Roland Garros et quatre titres déjà cette saison (six pour Djoko), dont un nouveau sacre au Queen's (son cinquième), coïncidant avec le retour d'Ivan Lendl dans son staff.

Surtout, le gazon de Wimbledon représente beaucoup pour Murray. A la fois la terre de ses plus grandes déceptions... et celle de l'exorcisation de ses démons. Demi-finaliste entre 2009 et 2011, il mène un set zéro face à Federer en finale de The Championships, en 2012. Alors qu'il croit enfin que son heure de gloire est arrivée: le Suisse revient à une manche partout, puis la pluie s'en mêle, le toit se ferme, et Federer devient intraitable, dans des conditions "indoor". Murray prend sa revanche quelques semaines plus tard en finale des JO, enchaîne avec l'US Open (débloquant ainsi son compteur en GC) et devient, enfin, le premier tennisman britannique à remporter le Tournoi de Wimbledon depuis 1936 (Fred Perry), en 2013.

Suite à cet aboutissement, il n'a plus atteint la finale du Grand Chelem londonien. Il est temps qu'il renoue avec cette idylle contrariée.

... car ce "boring classic" a besoin de records pour exister

L'affiche n'a pas encore le même retentissement médiatique que Nadal-Federer ou même que Nadal-Djokovic, mais elle commence à peser dans l'Histoire du tennis. Sept éditions de ce duel en finale de Grand Chelem, c'est autant que pour celui opposant l'Espagnol au Serbe, et seulement une de moins que la référence hispano-helvétique.

Djokovic et Murray se sont d'ailleurs rencontrés pour le dernier acte des quatre tournois du GC, contrairement à Federer et Nadal, qui n'ont jamais clos l'US Open en tête-à-tête. Si ce nouveau combat des chefs ne soulève pas autant les foules, c'est parce que ses deux protagonistes ne personnifient aucune opposition de style. Ils ne représentent ni l'élégant et le bestial, ni le feu et la glace, ni l'attaque et la défense. Ils cristallisent au contraire beaucoup de critiques sur l'évolution du tennis, par leur profil "contreur-relanceur". Mais au-delà des sentiments, les chiffres donneront peut-être un jour sa place au panthéon à ce face-à-face. Murray et Djokovic ont l'occasion d'égaliser en réalisant un trois à la suite inédit (d'autres ont déjà été réalisés dans l'ère Open - Djokovic et Nadal s'offrant même une passe de quatre à cheval entre 2011 et 2012 - mais pas de l'OA à Wimbledon).

En tout cas, le blockbuster Nadal-Federer n'a aucune chance de creuser l'écart sur ce Wimbledon.  En raison de l'absence de l'Ibère, car l'Helvète, lui, répond bien à l'appel. Mais sans donner de grands gages de réussite. 

... car Federer n'est pas en forme et les jeunes pousses sont encore trop tendres

Depuis 2012, année de son dernier succès en GC, Roger Federer n'avait plus perdu à Halle. Il vient de céder à la concurrence l'une de ses dernières chasses gardées. Défait en demi-finale par Alexander Zverev (19ans), l'ancien numéro un mondial reste confiant : "La seule chose qui me manque, peut-être, c'est un meilleur jeu de fond de court. J'ai le sentiment qu'il me reste assez de temps avant Wimbledon pour faire les ajustements nécessaires (19 juin)", sans pour autant lever tous les doutes à son sujet. Il démarrera le 3e GC de la saison avec un zéro pointé en terme de trophée gagné dans l'année. Du jamais vu, pour lui, depuis 16 ans.

Au-delà de sa condition physique - ses problèmes au dos lui ont valu de rater son premier GC... du siècle, en déclarant forfait pour Roland Garros - Federer est confronté à la montée en puissance d'une nouvelle génération.

Avant cet échec à Halle, c'est aussi en demie qu'il s'était arrêtée à Stuttgart, battu par Dominic Thiem. Le jeune Autrichien (22 ans) enchaînant ainsi une deuxième victoire face à lui. Huitième du classement ATP, Thiem se rapproche "dangereusement" des sommets.

De là à les atteindre ? Balayé en demi-finale des Internationaux de France par Djokovic (6-2, 6-1, 6-4), Thiem a pu mesurer la distance qui le sépare d'un titre majeur. Pour Zverev (28e), le chemin est encore plus long : il n'a jamais fait mieux qu'un seizième de finale en Grand Chelem... il y a moins d'un mois. Les stars de demain devront certainement attendre encore quelques mois, voire années, pour déloger les patrons d'aujourd'hui. 

Autant ne jouer que la finale, alors ? Cette indécente proposition n'a bien sûr aucun sens. Et pas seulement parce que la "glorieuse incertitude du sport" fera, éternellement, de la résistance.

NON... car Djokovic, inconsciemment, va décompresser 

Humain. Djokovic l'est bel et bien... bien que son "cosmic tennis" pousse presque parfois à en douter. Le Djoker est donc entré, certainement pas de son plein gré, dans une phase de décompression inhérente à l'ampleur de la performance qu'il vient de réaliser et à la longue attente qui a précédé cet accomplissement. Comme Murray d'ailleurs, qui n'est peut-être plus habité du même sentiment, celui d'être porté par tout un peuple, depuis qu'il a redoré le blason britannique à Wimbledon. 

Alors qu'il n'avait plus joué depuis son sacre Porte d'Auteuil, Djokovic a repris contact avec le gazon... par une défaite, en match d'exhibition face à David Goffin, mercredi à Stoke Park. Le Djoker fait partie de ces Champions pour qui seule compte la compétition. De ceux qui, en un clin d'oeil, peuvent retrouver leur concentration... mais se sublimer dans les grands matchs est parfois plus simple que de le faire sur le chemin qui y mène. L'an passé, c'est face à Kévin Anderson que Djoko avait rencontré le plus de difficultés, en huitième de finale. Il s'était imposé en cinq manches, après avoir perdu les deux premiers sets au tie-break. Et même si la singularité de Wimbledon s'est étiolée avec le tempsle temple du tennis reste le lieu où de gros serveurs peuvent prendre feu en GC et devenir "injouables". Plusieurs outsiders ont "la gueule de l'emploi." 

... car l'un de ces joueurs, en état de grâce, verra la finale

Au rang des "petits jeunes qui montent", peut-on encore citer Nick Kyrgios ? L'Australien n'a que 21 ans, mais si son ascension se poursuit au classement ATP (18e), elle ne s'exprime plus en GC. Il fait en tout cas office de potentiel cogneur intouchable sur un match, et c'est à Wimbledon qu'il s'était révélé en 2014. Vainqueur de Gasquet au 2e tour puis  surtout de Nadal en huitième, il avait été stoppé par Milos Raonic en quart. S'il atteint le même stade de la compétition... Murray n'y figurera pas (les deux hommes peuvent se rencontrer au tour précédent).

Raonic, justement, a lui aussi le profil du trouble fête. Il n'a jamais fait mieux en GC que le dernier carré atteint cette année-là (réitérant une performance de cet acabit en janvier à l'Open d'Australie) mais présente les caractéristiques idoines pour Wimbledon, notamment grâce à son service de mammouth. Il pourrait croiser la route de Djokovic en quart. Tout comme Anderson d'ailleurs. 

Au-delà des autres machines à ace (Tomic, Aussie aussi extravagant que Kyrgios, Rosol, Isner, Karlovic etc.) il reste bien sûr un argument pour les "Djoko-Murray-sceptiques". 

... car il faut plus qu'un mal de dos pour venir à bout du fantasme-Federer

Ce dernier argument repose autant, si ce n'est plus, sur le romantisme que sur la rationalité. Si Federer arrive un jour à redevenir, ne serait-ce que l'espace d'un tournoi, le Roi : c'est à Wimbledon qu'il le fera. The Championships est le GC qu'il a le plus souvent gagné (7 fois), celui qui sied le mieux à son élégance et à son style de jeu. L'espoir de voir Roger Federer obtenir un dix-huitième titre du Grand Chelem restera vivace en l'esprit de tous les fans du Maestro, tant que celui-ci n'aura pas rangé ses raquettes au vestiaire... ou fait de ce fantasme une réalité.

Même si elle semble utopique, l'hypothèse d'un récital de l'esthète helvète, éclaboussant le Center court de toute sa classe une nouvelle (et dernière?) fois, conserve un certain crédit. 

A quel point celle-ci est-elle "Candide" ? Réponse dans quelques jours.

Simon Farvacque 

Sources :

http://www.lequipe.fr/Tennis/TennisFicheJoueurM_3233.html

http://www.lequipe.fr/Tennis/TennisFicheJoueurM_3153.html

http://www.atpworldtour.com/en/players/novak-djokovic/d643/player-activity

http://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Roger-federer-il-me-reste-assez-de-temps-avant-wimbledon/696767

Publié le 26.06.16


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