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L’Espagne rend la pareille à la France et récupère son bien


L’Espagne rend la pareille à la France et récupère son bien

On prend les mêmes... et on inverse les rôles. Hôtesse boutée hors de la course au titre par la France, lors de son Mondial l’an passé (en quart de finale), l’équipe d’Espagne s’est cette année muée en invitée sans scrupule, en brisant (aux portes de la finale) les espoirs de Bleus qui, chez eux, défendaient leur couronne européenne. Cependant, alors que les Français n’avaient pas confirmé leur grande performance en 2014, butant sur l’obstacle serbe au tour suivant, la Roja, dans la foulée de cette victoire aux airs de revanche, n’a fait qu’une bouchée de la Lituanie (80-63). L’Espagne reste ainsi l’unique nation à avoir remporté deux EuroBasket consécutifs (2009 puis 2011) au XXIe siècle, et réaffirme son leadership sur le Vieux Continent.  

Le sport est parfois irrationnel. Le duel France-Espagne, thriller récurrent du basket mondial depuis une décennie, vient d’en être témoin à deux reprises. En effet, les deux derniers grands affrontements entre ces ennemis intimes ont accouché d’un résultat qui, « sur le papier » (fameux miroir déformant de la réalité du parquet), n’avait rien d’évident.

Retour sur ces succès en terre hostile.

CDM 2014 : Des Bleus époustouflants de maîtrise, la Roja a perdu son emprise

C’est fini, l’Espagne n’est plus la bête noire de la France. Vainqueurs de leurs persécuteurs un an auparavant, en demi-finale de l’Eurobasket 2013 (75-72), les Tricolores ont enfin eu raison d’une malédiction qui avait atteint son paroxysme lors du quart des JO 2012. Décomplexés et ambitieux, ils sont prêts à réécrire le scénario de ces Mondiaux, dont l’épilogue programmé est une finale qui doit voir l’Espagne et les Etats-Unis s’affronter.

Cependant, malgré cette confiance légitime, l’absence de Tony Parker, et à un degré moindre celle de Nando De Colo, font clairement pencher la balance du côté de la péninsule ibérique à l’heure d’établir le rapport de force. Armée de sa raquette XXL, estampillée-NBA (Marc et Pau Gasol, soutenus ou suppléés par Serge Ibaka), de sa base arrière aussi talentueuse qu’expérimentée (Rubio, Llull, Calderon, Navarro) et de son « shooteur-dunkeur » Rudy Fernandez, l’Espagne dispose de toutes ses forces vives et s’avance en favorite.

A l’issue d’un match « défensif », la France l’emporte (65-52) sans encaisser plus de quinze points dans le moindre quart temps, en limitant son adversaire à neuf unités dans le dernier et en gérant à merveille le  « money-time », à l’image de Thomas Heurtel, son jeune* meneur imperméable à la pression. Elle chutera face à la Serbie en demie, avant d’accrocher une médaille de bronze pleine de promesses, vis-à-vis de l’Euro qu’elle s’apprête alors à organiser... et que l’Espagne allait aborder en quête de rachat.

CDE 2015 : Des Bleus étonnants de fébrilité, la Roja saisit cette occasion rêvée

Cet Euro, nous y sommes, et cette fois, ce sont les Bleus qui exhibent leurs gros bras. Parker est bien là, Batum de plus en plus mature, Gobert de plus en plus tentaculaire... malgré quelques forfaits de dernière minute (Diot, Ajinça) la sélection française a fière allure et compte bien moins d’absents de marque en ses rangs que n’en déplore son homologue hispanique.

Marc Gasol, Ibaka, Calderon, Navarro, Rubio etc. tous manquent à l’appel, parmi les stars-Ibères. Tous, sauf Pau Gasol. Ce dernier (tout de même accompagné de Lull, Fernandez etc.), particulièrement marqué par l’échec de 2014, « ça nous a fait très mal », est remonté à bloc « on est ici pour battre la France », et prêt à retourner au combat face à Rudy Gobert, qui lui avait asséné un contre symbolique de la domination française il y a un  an.

Mais la volonté du monolithique intérieur espagnol semble ne pas suffire : la France est devant, d’une courte tête (33-32), à la mi-temps, puis augmente l’écart dans le 3e quart temps (+8, 56-48). Que faire face à la force de frappe plurielle des Bleus ? Moins de 9 minutes à jouer, De Colo maintient l’Espagne à distance (58-50), puis arrache la balle des mains adverses et amorce une contre-attaque – le public est debout ! – Fournier crée un « quatre contre deux » d’école après un bon dribble, il attaque le cercle... échoue et offre la même opportunité à la Roja. Le surnombre est mieux négocié (58-52), le gouffre de dix points qui aurait pu se creuser, en dix secondes, est retombé à six unités. Les signes de nervosité s’accumulent côté français (passage en force de Gobert, quatrième faute qui lui coûtera une partie de la fin de match, pertes de balle etc.), autant que les lancers s’empilent, dans l’escarcelle d’un Pau Gasol qui porte littéralement les siens sur ses épaules. Trois minutes avant la fin du quatrième quart temps, la France ne compte plus qu’un point d’avance (61-60), Gasol contre Gobert et rentre, sur sa tête, un superbe bras roulé : l’Espagne est devant (62-61) ! Alors que le match semble tourner, les Ibères continuant sur leur lancée (prenant jusqu’à trois longueurs de marge, sur une pénétration de Rodriguez), Batum sort un « 3pts » stratosphérique à 16 secondes du buzzer (66-66). Balle de match pour l’Espagne : Gobert met un stop à Gasol. Prolongation.

Dans celle-ci, Parker, invisible jusqu’ici, se distingue par un mauvais choix à un moment clé (dans la dernière minute, l’Espagne n’a qu’un point d’avance, 76-75, lorsqu’il finit sur les fesses, magistralement contré), de son côté Pau reste intraitable (marquant les huit derniers points des siens). Batum tente encore de jouer au pompier de service... mais la flamme de son état second s’est consumée (0/3 sur la ligne des lancers, alors qu’il avait l’occasion d’égaliser (1)).

Le contraste est saisissant, entre un TP dépassé (10 points et cette mauvaise gestion) et un Gasol déchaîné (dunk rageur pour conclure son récital – 40pts, à 12/21 au shoot et 16/18 au lancer, 11 rebonds) : 80-75, l’Espagne exorcise ses démons, la France pleure ses rêves de doublé envolés.

JO 2016 : Des Bleus non-assurés d’être de la partie, la Roja face à son ultime défi

En disposant de la Lituanie en finale, la sélection espagnole renoue avec le titre européen qu’elle a maintenant décroché à trois reprises en quatre éditions (2009 - 2011 - 2015). Elle n’a plus terminé au-delà de la quatrième place d’un EuroBasket depuis 1997 (neuf campagnes ponctuées d’une place dans le dernier carré, série en cours), elle compte une couronne mondiale (2006) et reste sur deux finales perdues aux JO (2008 et 2012) : la Roja est bien la plus grande équipe européenne de la décennie, voire du début du siècle.

Le sacre olympique, que Team USA phagocyte depuis 1992 (avec pour unique intermède le triomphe argentin de 2004), est la dernière ligne manquant au palmarès de cette génération dorée. Sur la route de cette gloire difficilement accessible, la France pourra-t-elle se dresser ?

Les Bleus, finalement 3es de la compétition (grâce à leur victoire face à la Serbie, 81-68), devront passer par un Tournoi de Qualification Olympique (TQO) – ce qu’une place en finale leur aurait évité – dont les modalités restent à préciser (2) mais dont la difficulté promet d’être l’un des maîtres-mots (la Serbie donc, mais aussi la Grèce, l’Italie, le Canada etc. pourraient faire office de redoutables adversaires). Rendez-vous à Rio, en terrain neutre cette fois, pour une nouvelle passe d’armes ?

Simon Farvacque

*né en 1989, soit un an avant Ricky Rubio, mais ayant débuté sa carrière internationale en 2013... Soit cinq ans après celle du précoce meneur espagnol.

(1) Ce manque d’adresse a, plus globalement, joué un grand rôle dans le résultat du match, les Français (10/17, soit 59%) se montant bien moins réguliers dans l’exercice du lancer franc que leurs adversaires (24/26, soit 92%).

(2)http://www.lequipe.fr/Basket/Actualites/Le-tournoi-de-qualification-olympique-qu-est-ce-donc/591361

Sources :

Le journal « L’Equipe » du jeudi 17 septembre 2015

http://www.lequipe.fr/Basket/match/48847

https://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_d%27Europe_de_basket-ball_masculin

http://www.eurosport.fr/basketball/euro-2015/2015/notre-top-6-des-france-espagne-ce-choc-devenu-un-classique_sto4914136/story.shtml

http://www.eurosport.fr/basketball/eurobasket/2015/espagne--france_mtc803918/live.shtml#live

http://www.lequipe.fr/Basket/match/49987

http://www.lequipe.fr/Basket/Actualites/Monumental-gasol/591352

Publié  le 20.09.2015



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