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Serena Williams : l’histoire d’une championne hors-norme.

 

    Il y a 13 mois, Serena Williams retrouvait son trône de reine de la WTA. Un trône qu’elle occupait pour certains, virtuellement, depuis bien plus longtemps. Mais à l’image de sa carrière entière, particulièrement riche en émotions, son histoire récente est émaillée de nombreux rebondissements.

Dimanche dernier, Flavia Pennetta a remporté le tournoi d’Indian Wells, compétition à laquelle Serena et Venus Williams ne participent plus depuis 13 années maintenant. Retour sur ce fait marquant pour les deux sisters qui fut peut-être un acte fondateur dans leur quête de grandeur.

Revenons pour cela à l’aube de la domination des sœurs Williams sur le tennis féminin mondiale, domination qui verra Serena vaincre Venus en finale de 4 Grand Chelem (GC) consécutifs entre Roland Garros 2002 et l’Open d’Australie 2003, puis à nouveau lors de Wimbledon 2003, après avoir accordé une très légère marge de manœuvre à leurs adversaires sur la terre battue française.

Nous sommes en Mars 2001 lorsque lors du tournoi d’Indian Wells, et alors que les deux femmes s’apprêtent à s’affronter en demi-finale, l’ainée déclare forfait, pour cause de tendinite, au grand dam des spectateurs américains qui doutent ouvertement de cette blessure, qu’ils soupçonnent diplomatique. La fin du tournoi se joue dans un climat délétère, et Serena Williams finit par remporter le trophée, en finale face à Kim Clijsters, sous les huées de son propre public.

 La famille Williams interprète le comportement des supporters californiens comme raciste. Depuis cette année-là les deux sœurs n’ont plus jamais mis les pieds au sein du tableau d’un tournoi qui ne peut que le regretter, leur célébrité ne faisant alors que commencer.

Dès la fin de ce tournoi, les Williams ne cessent de progresser, jusqu’à devenir, un an plus tard, quasiment invincibles en Majeur durant 2 saisons d’une hégémonique domination.

Finalement, ce boycott reste l’un des choix marquants de la carrière de Serena Williams.                      
Une carrière jalonnée de succès et de déceptions, de scandales et de tapageuses déclarations.     
Une carrière qui restera gravée dans les annales du tennis.

Jeu surpuissant et palmarès éloquent

 Plus encore que par les statistiques, c’est par sa puissance physique et son emprise psychologique sur ses adversaires, que Serena Williams marque le début du millénaire.

Cependant, cela ne l’empêche pas de présenter un palmarès éloquent : avec 17 titres du GC remportés en simple, elle n’est qu’à  5 trophées du record absolu de l’ère open (de 1968 à nos jours) détenu avec 22  triomphes, par Steffi Graff. Une ère open dont Serena Williams est l’unique joueuse de l’histoire à avoir remporté à la fois l’Or Olympique et tous les tournois du Grand Chelem, en simple et en double.

Elle est aussi une des 3 joueuses encore en activité (avec Hingis* et sa soeur Venus) à avoir remporté un GC au siècle dernier et elle en a remporté, au moins un, durant 3 décennies ce que seule Martina Navratilova, avant elle, avait réussi.  

Mais la liste de ses faits d’armes ne s’arrête pas là et est susceptible de s’étoffer encore dans les années à venir, bien qu’elle s’écrive pourtant depuis une quinzaine d’années maintenant.

Tout commence à l’US Open 1999, lorsqu’une jeune afro-américaine, qui n’avait jusqu’ici jamais passé le cap des 1/8e de finale en GC, se présente en finale face à la tenante du titre Martina Hingis (autre jeune prodige, qui a quant à elle déjà fait ses preuves).

Serena Williams, pas encore 18 ans, lamine en 2 sets la suissesse d’un an son ainée. Une star est née.

S’en suit alors une progression linéaire dans la régularité : en 2000 elle est au moins 1/8e de finaliste de tous les GC auxquels elle participe, en 2001, au moins quart de finaliste, et en 2002… elle devient numéro 1 mondiale et imbattable, comme évoqué précédemment. En l’espace de 14 mois elle remporte 5 des 6 GC mis en jeu, son emprise sur la WTA est totale et paraît amenée à se poursuivre.

Une carrière semée d’embûches

Pourtant, durant les 5 années qui suivent, de Wimbledon 2003 à  l’US Open 2008 elle ne remporte que deux Open d’Australie. A l’origine, c’est une blessure au genou qui l’écarte des courts, mais un funeste événement l’en tiendra éloignée pour plus longtemps.

La mort de sa demi-sœur Yetunde Price le 14 septembre 2003 coïncide avec le début de cette longue période de disette. Si, comme l’indique le communiqué de la famille Williams cette blessure ne pourra sans doute jamais cicatriser _   « Elle était notre base et notre point d’appui. Elle était l’assistante personnelle, la confidente, et la conseillère de ses sœurs, et sa mort laisse un vide qui ne pourra jamais être comblé. » _ la manière avec laquelle Serena Williams a fini par s’en relever ne peut que forcer le respect. 

Mais dans un premier temps, elle sembla chercher à se réfugier dans diverses activités (la mode notamment). Le sport n’est alors plus sa priorité. 

L’année 2006 symbolise à la perfection les difficultés rencontrées par Serena pour se consacrer entièrement au tennis et se débarrasser de ses pépins physiques. Elle termine la saison au 95e rang mondial, n’atteignant le cap des quarts de finale dans aucun des tournois du GC et ne disputant pas la moindre finale sur le circuit WTA. Dès le mois de Janvier 2007 elle remporte l’Open d’Australie, comme pour rappeler que son talent reste intact, mais elle parait incapable de se focaliser de nouveau à 100% sur sa carrière tennistique.

En 2009 elle déclare (extrait de sa biographie Queen of the Court) : « Quand j’étais enfant, je n’ai jamais fait de choix conscient à propos du tennis. C’est toujours le tennis qui m’a choisie. […] C’était ce que l’on attendait de moi, comme une évidence. Je suis venue au tennis par défaut et il m’a fallu être au plus bas, désespérée, pour prendre le tennis à bras le corps. J’ai choisi le tennis. Enfin. »

Elle paraît alors plus motivée que jamais, et le rouleau compresseur se remet en marche. Elle remporte l’Open d’Australie et Wimbledon puis est couronnée, en fin d’année, souveraine de la WTA, (comme sa biographie l’avait prophétisé).

Cependant, son échec en demi-finale de l’US Open suite à une faut de pied qui a dégénéré1 reste un événement marquant de son année. Mais surtout, ce faux-pas était annonciateur d’un mauvais présage pour sa prochaine saison. A l’été 2010 elle se planta en effet un bout de verre dans le pied. Une blessure qui la fît replonger dans une spirale négative l’éloignant du succès.

Une spirale encore plus grave cette fois, car son dilemme de hiérarchisation de ses envies fît alors place à une lutte pour rester en vie. En effet, cette coupure anodine, a priori bénigne, survenue hors des cours de tennis en juillet 2010, prend en Février 2011 d’énormes proportions se matérialisant par une embolie pulmonaire conduisant à son hospitalisation.2

Roland Garros 2012, l’énième tournant

Serena peine alors pendant un an à retrouver son meilleur niveau et se présente Porte d’Auteuil, en mai 2012, forte d’une série de victoires sur terre battue qui semble enfin lui redonner confiance.     
Elle se fait alors éliminer dès le premier tour de Roland Garros par Virginie Razzano. Pour la première fois de sa carrière, elle se fait éjecter d’entrée d’un tournoi du GC.

Mais alors que cet échec cuisant avait tout du coup de grâce, il sera au contraire l’acte fondateur de son retour vers les premières places.  

Serena entame alors une collaboration avec Patrick Mouratoglou. Une relation qui ne se limite pas aux courts de tennis. C’est un point qui appartient au domaine de la vie privée et qui n’a pas lieu d’être développé, mais qu’il est nécessaire de mentionner.

Une collaboration pour le moins surprenante mais qui s’avéra très rapidement payante, Williams remportant Wimbledon dans la foulée. Aujourd’hui ce duo est encore d’actualité et on ne peut nier que le travail du coach français est un franc succès. Ce dernier semble apporter à Serena une confiance en elle plus sereine, un paisible aplomb qui lui a permis de redevenir reine. Finalement le calme glacial que lui transmet son entraineur n’a pas éteint la flamme qui sommeille en elle, il l’a au contraire sublimée. A défaut de révolutionner le jeu de Serena Williams, Patrick Mouratoglou lui a apporté équilibre et sérénité.

 Un tempérament de feu et une rage de vaincre enfin tempérés mais qui l’ont toujours caractérisée, tout comme le refus compulsif de la défaite, l’apanage des champions. Une force souvent accompagnée d’un ego surdimensionné qui peut devenir un handicap s’il est poussé à l’excès.          
 La confiance en son don peut alors se traduire par une incapacité à se remettre en question.

La profonde conviction d’être invincible peut, ponctuellement, sortir de bien des impasses, mais aussi amener sur le long terme à foncer tête baissée dans le mur qu’est  la réalité.

A la fois unique et prototypique 

Paradoxalement, Williams est une championne hors-norme, mais aussi _ par sa mégalomanie, son sentiment de toute puissance, son parcours si compliqué_  le prototype du  grand sportif qui dans ses maux a su se forger. Serena Williams symbolise finalement à outrance tout ce qui fait la majorité des champions, de leurs défauts à leurs qualités et de leurs dérives à leurs plus grandes facultés.

Nombreux sont les champions qui ont subi une triste fin, un lent et irréversible déclin… mais certains surent faire le bon choix, tirant leur révérence au sommet de leur sport, lorsque qu’ils en étaient encore le roi. Qu’en sera-t-il pour Serena ?

Mais qu’importe la courbe que sa fin de carrière épousera, du péjoratif miss gros bras à l’élogieux femme de prestance et d’aura, Serena Williams toujours nous divisera, mais dans l’oubli jamais ne sombrera.

 

*seulement en double et avec une fréquence limitée

1http://www.20minutes.fr/sport/tennis/346967-us-open-serena-williams-menace-juge-ligne-perd-demi-finale

2http://sport24.lefigaro.fr/tennis/wta/actualites/serena-williams-hospitalisee-456688

 

FARVACQUE Simon

Autres sources :

http://www.welovetennis.fr/wta-indian-wells/45539-les-soeurs-williams-et-indian-wells

http://www.lequipe.fr/Tennis/TennisFicheJoueurF_333.html

http://www.lequipe.fr/Tennis/TennisFicheJoueurF_334.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Serena_Williams#D.C3.A9clin_sur_le_circuit_2004_.C3.A0_2006

http://tempsreel.nouvelobs.com/sport/20120103.OBS7929/serena-williams-une-legende-du-tennis-qui-n-aime-pas-le-sport.html

 

http://tempsreel.nouvelobs.com/monde/20030915.OBS6455/yetunde-la-s-oelig-ur-ainee-des-williams-abattue.html

 

Publié le 18.03.14


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