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Froome, à la conquête de son premier flirt

Christopher Froome sera demain au départ de la Vuelta (20 août - 11 septembre), dans la foulée de son Tour de France victorieux et de Jeux Olympiques en demi-teinte (3e du CLM, comme en 2012, et 12e de la course en ligne). Lui qui se réinvente en coureur entreprenant plutôt que gestionnaire, cherchera à enfin inscrire la course qui l'a révélé aux yeux du grand public à son palmarès. 



Ils ne se quittent plus. Contador, Quintana, Valverde, Froome etc. de nombreux acteurs majeurs du Tour - où en tout cas coureurs qui se présentaient comme tels au départ de la Grande Boucle - remettent le couvert sur les routes espagnols. Une habitude, jadis perdue, en plein regain de mode. Le symbole le plus marquant de ce retour vers le passé serait de voir Froome réaliser un doublé Tour-Vuelta que personne n'a accompli depuis Bernard Hinault... en 1978. Pour cela, le triple vainqueur du TDF devra remporter une course qu'il n'a jamais fait sienne alors qu'elle fut le théâtre de son éclosion. 

2011, l'improbable duel

Au départ du Tour d'Espagne, il y a cinq ans, Bradley Wiggins emmène un Team SKY en phase d'apprentissage (créé en 2010). La formation britannique veut devenir une machine sur les courses de trois semaines et cela passe par une victoire sur le sol ibérique. Pour l'assister dans cette tâche, "Wiggo" compte sur Thomas Lövkvist (16e du TDF 2010 et 20e du Giro 2011), mais l'effectif-SKY est loin de l'armada qu'il forme aujourd'hui. Pourtant, les hommes en noir vont occuper deux des trois places du podium, (celui qui n'est pas encore) Sir Bradley Wiggins se découvrant durant la course un lieutenant de luxe, et presque encombrant : Christopher Froome. 

C'est finalement ce dernier qui livrera un mano-a-mano pour le moins inattendu avec Juan José Cobo. Un tête-à-tête dont il sort perdant (2e à 13s), en partie en raison de son statut d'équipier de Wiggins (3e à 1min39s), longtemps resté gravé dans le marbre. Pour Froome, c'est un premier contact avec l'excellence, un premier flirt avec la gloire... mais tout de même un échec. Par trois fois, il retentera sa chance, muni des pleins pouvoirs, sans jamais réussir à faire mieux. 

En 2012, il découvre la pression du leadership après avoir apporté une pierre incommensurable à l'édifice du succès de "Wiggo" sur le Tour. Il assure un résultat correct (4e), mais n'observe que de loin la lutte fratricide que se livrent Contador (1er), Valverde (2e) et Rodriguez (3e) qui se tiennent en moins de 2 minutes et sur qui il accuse un retard conséquent au final (10min16 sur AC). 

Contador connaît la chanson

En 2014, alors qu'il a entre temps pris la relève de son illustre coéquipier sur le Tour de France (premier succès en 2013), Froome entame la Vuelta revanchard. La défense de son titre sur les routes hexagonales a été un vrai calvaire (abandon après plusieurs chutes), il relève le défi de cette échéance ajournée. Face à lui, Contador est encore plus revanchard. Lui aussi a dû quitter le Tour précipitamment, sur blessure. Impuissant sur la Grande Boucle 2013 face à l'avènement de son rival, il veut laver l'affront. Dans ce duel d'éclopés bien réparés, l'Ibère s'avère intouchable. Froome termine, 2e (à 1min10). Valverde (3e) et Purito (4e) complètent le quatuor de tête, composé des mêmes coureurs qu'en 2012.

L'an passé, Froome tente pour la première fois le doublé : une fracture du pied le contraint à jeter l'éponge, alors qu'il était en embuscade au CG avant de se blesser (8e à 1min18 de Tom Dumoulin, 1er, et 21 secondes de "Purito", 2e, après 10 étapes). 

Le "Kenyan blanc" réitère donc l'expérience à partir de demain, avec une garde rapprochée rénovée par rapport à celle de juillet : ses huit équipiers seront tous (!) différents (Mikel Landa, dont la Vuelta était au programme, a déclaré forfait, touché à la hanche). 

Sa formation, solide, a fière allure (König, Kwiatkowski...) mais elle ne pourra pas cadenasser la course comme elle a pris l'habitude de le faire sur le Tour. Un argument de poids pour le suspense... et pour un certain Contador. 

"El Pistolero" sera  dans une situation étrangement similaire à celle d'il y a deux ans, et fort de 3 succès en 3 participations (2008, 2012, 2014). Pas aérien mais déjà efficace sur le Tour de Burgos (2-6 août), qu'il a remporté, le leader de l'équipe Tinkoff est prêt.

Que d'incertitudes

Entre eux et la victoire, Froome et Contador trouveront donc le duo de la Movistar (Quintana-Valverde), mais aussi l'éternel Samuel Sanchez (BMC), 5 "top 10" sur la Vuelta, les prometteurs Colombiens Esteban Chaves (Orica), 5e de la dernière édition et 2e du Giro cette saison, et Miguel Angel Lopez (Astana), notamment vainqueur du Tour de Suisse en juin, ou encore le malheureux Steven Kruijswijk (Lotto NL-Jumbo), passé à deux doigts d'une première consécration sur le dernier Tour d'Italie. Autant de coureurs difficiles à cataloguer, entre outsiders et favoris. C'est le lot du GT ibérique, dont le plateau et le scénario dépendent souvent des réussites et échecs de l'été, et de la forme parfois fluctuantes des ténors qui s'y alignent. Loin d'être idéal pour "Frooney".

Le dégingandé coursier britannique est un coureur qui planifie ses succès. Témoin de ce réglage millimétré : ses trois TDF gagnés ont immanquablement été précédés d'un Critérium du Dauphiné remporté et, vice-versa, il n'a jamais triomphé sur la course dauphinoise sans le faire quelques semaines plus tard sur les Champs. 

Mais que ce soit en s'y révélant de manière spectaculaire ou en s'y montrant fébrile, décevant à l'aune de sa domination juilletiste, Froome a pris l'habitude de nous surprendre sur le Tour d'Espagne plus qu'ailleurs. Sera-ce, cette année, pour le pire ou pour le meilleur ? 

 

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