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Djokovic - Nadal (6-3, 6-3) : Le récital du Djoker

Le récital du Djoker


Historique. Novak Djokovic vient de remporter les six derniers grands tournois disputés sur le circuit ATP*. En demi-finale du Masters 1000 de Monte-Carlo, sur la route de ce sextuplé inédit (conclu au tour suivant en triomphant de Tomas Berdych), il a écarté Rafael Nadal avec maestria. Abouti, incontestable et impressionnant, retour sur le succès du Serbe... et sur les conclusions que l’on peut en tirer.


Se fixer de nouveaux défis. Les grands joueurs empilent les victoires, cumulent les louanges et collectionnent les trophées. Pour ne pas se lasser de cette routine, renouveler leurs objectifs et se projeter vers de nouveaux exploits à réaliser, semble une nécessité.

Dans cette optique de perpétuelle recherche du progrès, Djokovic effectue actuellement des performances fantastiques, qu’il n’avait jamais su accomplir _ que personne n’avait jamais su accomplir _ et lorgne sur les Internationaux de France, unique Grand Chelem manquant à son palmarès.

Depuis Bercy, aucun rendez-vous incontournable n’échappe au Serbe, tout-puissant leader du classement ATP. Pour son dernier couronnement en date, à Monte-Carlo, il s’est offert le scalp de l’Ogre de l’Ocre, au prix d’un match superbe. Focus sur ce 43e opus du duel entre les deux hommes.

1er set, Nadal répond présent... Djokovic également (6-3)

Rassurant, le Taureau de Manacor commence fort

Rafael Nadal n’est que l’ombre de lui-même depuis quelques semaines. En passant l’obstacle Ferrer en quart de finale il a prouvé qu’il était en passe de revenir au premier plan... saura-t-il élever son niveau pour offrir une opposition consistante au Djokovic stratosphérique de ce début de saison ? Dès le premier jeu, l’Espagnol balaie les doutes. D’une superbe volée de revers il paraphe son break initial (0-1). Break qu’il confirme dans la foulée (0-2).

Le réveil serbe ne tarde pas. Proche de laisser son adversaire s’envoler (0-2, 30-40), le Djoker revient à 1-2. Le début de match tient toutes ses promesses et Nole recolle à 2-2, avec, au passage, un magnifique point pour s’octroyer la balle de dé-break qu’il convertit (coup droit décroisé dans la diagonale, amorti, volée lobée de revers... même les jambes de Nadal n’y peuvent rien).

Trêve dans l’intense empoignade, les deux joueurs valident leur engagement d’un jeu blanc (3-2 puis 3-3)... avant que la farouche opposition ne reprenne de plus belle.

Lors du 7e jeu, comme souvent : le tournant

Djokovic, au service, est en difficulté. D’un coup de lasso dont il a le secret, Nadal _ pourtant en position défavorable _ s’offre une balle de jeu, sur l’engagement adverse (3-3, 30-40). Le numéro 1 mondial l’écarte d’un smash venant conclure un magnifique échange, qu’il a dicté de bout en bout face au formidable « défenseur-contreur » qui lui est opposé. Le mano-a-mano est lancé et il est fabuleux. Les deux hommes régalent le public, le gratifiant des plus beaux coups du tennis Après un âpre combat de 10 minutes, c’est le Djoker qui vire en tête (4-3). Il vient de frapper fort.

Dans la foulée, il breake sur une faute directe du Majorquin (5-3) puis ne tremble pas au moment de conclure. Impérial jusqu’à 5-3, 40-0, le Serbe encaisse deux points (dont un passing limpide) et se retrouve sous pression... mais entérine le gain du premier acte, d’un service extérieur que l’Espagnol renvoie « bas du filet » : 6-3. Enthousiasmés, les spectateurs sont debout.

Les statistiques de cette première manche, équilibrées _ huit coups gagnants et onze fautes « non provoquées » pour Djokovic, dix et quinze pour Nadal _ traduisent à quel point le match est serré... mais, sensiblement, le Serbe prend l’ascendant.

2e set, le Djoker confirme sa mainmise du moment (6-3)

Nadal, en sursis, résiste. Djokovic, dominateur, s’agace

Immédiatement en danger alors qu’il a les balles en main (0-0, 15-40), Rafa réussit à faire la course en tête, à l’entame du deuxième acte (0-1). Nole répond, facilement (1-1) en s’appuyant notamment sur son enchaînement-gagnant du jour : « amorti-lob ».

Le scénario se répète. Djoko semble proche du break mais Nadal conserve son service, au forceps, grâce à l’exceptionnelle couverture du terrain qui l’a toujours caractérisé (1-2) tandis que le Serbe n’est pas inquiété sur son engagement (nouveau jeu blanc, 2-2). Les deux hommes assurent encore, en validant leur mise en jeu (2-3 puis 3-3)... le premier break risque d’être rédhibitoire pour celui qui le subira.

Sera-ce encore ce fameux 7e jeu qui s’imposera comme juge de paix de la rencontre ? Le Djoker va-t-il porter l’estocade ? Nadal ne l’entend pas de cette oreille et remporte les trois premiers points (3-3, 40-0). Pour rester en pole, il ne lui en manque plus qu’un...

Bis repetita, le numéro 1 mondial se détache à 3-3

L’Espagnol échoue dans cette quête, à trois reprises et Djokovic revient à 40A. Le parallèle avec le premier set est troublant : les deux joueurs rejouent leur interminable duel et se rendent coups pour coups pendant onze minutes.

Lorsque Djokovic laisse échapper une balle de break après un rallye ponctué de nombreuses frappes en bout de course de Nadal... ce dernier serre le poing tandis que son opposant reste prostré, dubitatif. Il est à deux doigts de craquer. Il ne le fera pas. C’est Rafa qui finit par rendre les armes, sur un coup droit dévissé (4-3). L’issue du match paraît actée.

Comme pressenti, Djokovic valide les bénéfices offerts par ce jeu si chèrement acquis (5-3). Nadal va servir pour « rester en vie ». Quelques erreurs vont le mettre dos au mur. Une première fois, Djoko rate le coche, une seconde fois, entreprenant et les pieds bien ancrés dans le court, il pilote le débat et conclut d’un puissant revers croisé. Magistral, le Serbe s’impose 6-3, 6-3.

En finale il écartera Berdych en trois manches (7-6, 4-6, 6-3), remportant le troisième Masters 1000 de l’année... après avoir déjà glané les deux premiers. Exploit qu’il est l’unique joueur à avoir réalisé (l’ATP World Tour M1000 existe depuis 1990).

En deux sets (6-3, 6-3), certes, mais en deux sets « seulement »...

Que peut-on retenir de ce succès acquis après une belle lutte, mais remporté dans des proportions très conséquentes [sur terre battue, il n’avait jamais infligé une si cinglante défaite à Nadal (1)] ?

Peu de choses à la lecture des « face-à-face » entre ces deux ténors du tennis mondial... notamment en se limitant à la surface fétiche de l’Espagnol. L’historique de leurs duels sur terre, se divise en deux ères : tout d’abord, entre 2006 et 2009, Nadal inflige un terrible 9-0 à Djokovic, puis de 2011 à aujourd’hui, 5-5, balle au centre. Seulement, derrière cette égalité globale, se cache un « détail »... qui n’en est pas un. Sur ces dix derniers matchs, Djoko mène 5-2 dans les rencontres disputées en deux sets gagnants et Nadal 3-0 dans celles qui se jouent en trois sets gagnants (à chaque fois à RG).

Ainsi, pour Djokovic, terrasser Nadal sur son terrain de prédilection en remportant deux manches _ et ce même lors des Tournois importants que sont les Masters 1000 de Madrid (en 2011), Rome (2011 et 2014) ou Monte-Carlo (2013 et, donc, 2015) _ n’est ni nouveau, ni exceptionnel.

Le cap qu’il a failli franchir, en 2013, perdant une demi-finale épique face au redoutable Ibère sur le court Philippe-Chatrier (6-4, 3-6, 6-1, 6-7, 9-7), est toujours aussi proche d’être à sa portée... et aussi loin de voir son passage acté. Rien n’a véritablement changé.

Novak Djokovic se forge, au fil des années et des succès, un superbe palmarès. Seulement, il bute pour l’instant sur un os, lors des Internationaux de France (quasiment toujours le même, un certain Rafa, qui l’en a éliminé à cinq reprises, dont les trois dernières fois), à l’heure d’intégrer la caste très fermée des vainqueurs des quatre Tournois du Grand Chelem (formée par Agassi, Federer et... Nadal, dans l’ère Open).

Or, sur terre battue, le Serbe n’a jamais battu l’Espagnol lors d’un match disputé au meilleur des cinq sets et rompre cette interminable série d’échecs risque, à nouveau, d’être un prérequis sur la route d’un sacre Porte d’Auteuil. De plus, briser cette spirale infernale ne sera pas une mince affaire.

En effet, si Djoko a marqué des points à Monte-Carlo, comme il le fait depuis des mois, Nadal a également montré des signes de progrès durant cette semaine monégasque (armé d’une nouvelle raquette et lancé dans sa quête de Top 4, en vue du GC parisien). Dans cinq semaines, il sera prêt, et pour le vaincre à Roland Garros (du 24/05 au 07/06), dont il est « maître des lieux » (9 titres en 10 participations) c’est sans doute une partition proche de la perfection qu’il faudra réciter, une quasi-parfaite prestation qu’il faudra être en mesure de livrer.

C’est un immense défi pour Novak Djokovic. Un défi comme il les aime.

Simon Farvacque

*M1000 de Paris-Bercy et Masters (2014) puis Open d’Australie, M1000 d’Indian Wells, Miami et Monte-Carlo (2015).

(1) Nadal qui, par ailleurs, n’avait plus connu tel affront sur terre battue _ seulement 6 jeux marqués et pas plus de 3 dans chaque set _ depuis 2004, face au Français Olivier Mutis (6-3, 6-3).

Sources :

http://www.lequipe.fr/base/tennis/duels/FaceaFace.html#JOUEUR1=3153&JOUEUR2=2862

http://www.eurosport.fr/tennis/masters-monte-carlo/2015/novak-djokovic--rafael-nadal_mtc772923/live.shtml#live

https://www.youtube.com/watch?v=8eY-36x6nFw

http://fr.wikipedia.org/wiki/Palmar%C3%A8s,_statistiques_et_records_de_Rafael_Nadal#Joueurs_ayant_un_bilan_positif_face_.C3.A0_Nadal_.2810.29

Publié le 20.04.2015


 


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