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Le charme de l’été, de ses mirages et de ses vérités

A chaque intersaison, toujours la même chanson : l’abstinence fait perdre la raison à l’Europe du ballon rond. Chacun des championnats s’annonce passionnant et l’expression « plus que jamais » vient en démultiplier tous les enjeux, on entérine aisément les déclins que l’on souhaite ou que l’on craint et l’on se prend facilement à rêver d’un grand cru, que ce soit en terme de suspense ou de spectacle. Qui plus est, lors des « années coupe du monde », ce phénomène est décuplé pour des fans, accros, qui se voient sevrés de football... après en avoir été abreuvés. Derrière ces espoirs, ces doutes et cet enthousiasme aussi naturel qu’humain, les premières passes d’armes de la saison peuvent pousser à tirer d’hâtives conclusions mais aussi traduire certaines tendances ou évolutions. Alors, cette année, entre illusion et réalité quels véritables enseignements peut-on tirer des inaugurales empoignades de l’été ?

Le 17 aout 2008,  après deux journées, le Grenoble Foot 38 (fraîchement promu de Ligue 2) était en tête de la Ligue 1. Quelques mois plus tard le club isérois terminait la saison à la 13e place du championnat. Un an après,  il concluait l’exercice 2009/2010 bon dernier et redescendait à l’étage inférieur. Il végète aujourd’hui en CFA.  

Cet exemple, certes extrême, atteste de la nécessité de conjuguer au conditionnel les constatations aoûtiennes (lorsque l’on cherche à les étendre aux  mois suivants)... mais rien n’empêche d’essayer de démêler le vrai du faux parmi ces dernières. Tour d’horizon non exhaustif à l’échelle continentale.

Ligue1 : pour le PSG, simple formalité ?

Pour l’instant plutôt moribonds sur la scène européenne (dont le rideau vient à peine de se lever), les clubs français offrent à leur public un début de ligue 1 rafraichissant : les gros bras tâtonnent, les outsiders attendus répondent déjà présent et un club prétend à intégrer leur rang.

Le PSG (8 pts en quatre matchs), qui a d’abord légèrement balbutié son football, vient de se rassurer. Dominateurs mais maladroits face à Reims (2-2), les parisiens ont ensuite vaincu Bastia (2-0) puis concédé, privé de leur star Zlatan Ibrahimovic, un triste 0-0 sur le terrain d’Evian-Thonon (avec un décevant Cavani) avant d’écraser Saint-Etienne (5-0, triplé d’Ibra). Ce parcours en dents de scie (2 pts/match) est déjà celui d’un potentiel roi de France alors que la marge de progression de cette équipe reste énorme. Du côté de l’ASM (4 pts) la situation est plus préoccupante. Si après leurs deux revers inauguraux les Monégasques ont redressé la barre en même temps que Falcao retrouvait temps de jeu et sensations, leur classement (15e) et leur niveau de jeu incitent à la prudence. Surtout, c’est justement le départ de l’attaquant colombien qui risque de sonner le glas des ambitions de titre du côté du Rocher. Le club de la Principauté voit ses rêves de grandeur ramenés à la réalité et n’est du fait même plus favori... à la deuxième place et donc à la Ligue des Champions.

Une Ligue des Champions que Lille ne jouera pas cette saison. Mais si l’élimination du LOSC face au FC Porto (0-1 ; 2-0), en barrage de la C1, est un camouflet médiatico-économique,  elle n’est qu’une légère déception sportive tant elle n’a souffert d’aucune contestation possible. En Ligue Europa, le club lillois sera à sa place. En championnat, arithmétiquement parlant, ses débuts sont réussis (8 pts). Le jeu n’est pas flamboyant mais le collectif est bien huilé et c’est avec cette relative austérité que René Girard a obtenu, à la tête de Montpellier, le titre de Champion en 2012.

Autres challengers, les Verts (7 pts) espèrent poursuivre leur rectiligne progression : depuis la saison 2009/10 (et l’arrivée de Christophe Galtier) les Stéphanois ont terminé le championnat, successivement, aux 17e, 10e, 7e, 5e et 4e  rangs du classement. Jusqu’à l’accroc parisien, ils réalisaient une entame de compétition satisfaisante, reste maintenant à savoir comment se relèveront-ils de cet affront. En plus de la ligue 1, l’ASSE disputera la Ligue Europa... contrairement à son voisin lyonnais.

L’OL, absent de toutes compétitions européennes pour la première fois depuis la saison 1996/97, entamera peut-être, enfin, sa reconstruction post-règne. En effet, suite à leur septième et dernier sacre (2007/08) les lyonnais ont enchainé six saisons dans les hautes sphères du championnat (toujours entre la 2e et la 5e place, pire résultat obtenu.. l’an dernier). Plutôt que d’en entretenir les dernières braises pour vivoter parmi les premières places du classement, l’heure est venue pour le club rhodanien d’éteindre définitivement le feu de sa gloire des années 2000, pour aspirer à un jour embraser à nouveau le cœur de ses supporters. En championnat, les lyonnais _ déjà en difficulté (17e, 3 points) et toujours aussi handicapés par les blessures (Fofana, Grenier, Gourcuff...) risquent de se contenter du ventre mou.

Pour l’OM (7 points), la mise en route a été longue (1 point en deux journées), mais la mayonnaise semble prendre. La victoire 4-0 face à Nice (4ej) montre que le club phocéen est sur la bonne voie. Le brouillard qui régnait autour de l’effectif se dissipe peu à peu (Amalfitano et Valbuena sont partis mais Ayew, Nkoulou, Mandanda et Payet devraient finalement rester cette saison) en même temps que Marcelo Bielsa impose sa patte sur son groupe. Au rayon des déceptions, Batshuayi, la jeune recrue belge n’a toujours pas convaincu en L1. Il s’est montré particulièrement maladroit lors de son entrée face à Guingamp (3ej) ... mais ce retour dans l’ombre est peut-être pour lui le meilleur moyen d’éviter l’excès de confiance que sa préparation réussie aurait pu engendrer (quatre buts en quatre matchs amicaux). Malgré un démarrage chaotique, les Marseillais peuvent espérer jouer les premiers rôles cette saison, pointant seulement à 3 points du leader bordelais.

Celui-ci semblait pourtant promis à une saison de transition avec notamment l’arrivée d’un nouvel entraîneur : Willy Sagnol. Ce dernier cherche à inculquer à ses joueurs la culture de la gagne qu’il s’est forgé lors de son passage munichois (2000-2008). S’inspirant de ses anciens mentors, d’Ottmar Hitzfled notamment, dont il retient la « capacité à fédérer », Sagnol est un coach ambitieux mais conscient d’être encore en plein apprentissage  «  ... il faut se maintenir à la frontière entre forte exigence et intolérance et ne pas tomber du côté négatif. Je l’expérimente à Bordeaux » et s’il se veut plus volubile que le pince-sans-rire Gillot il n’en reste pas moins rigoureux : « celui qui ne comprend pas mon message après deux ou trois explications approfondies, il devra chercher un autre club ».

Dans son sillage, le projet bordelais est séduisant (10 pts, 9 buts marqués, 3 encaissés). S’il ne faut pas oublier que les copies girondines sont encore grandement perfectibles (la première période du match face à Monaco (4-1), qui bascule à partir de l’entrée en jeu de Plasil, était d’un piètre niveau), l’enthousiasme qu’elles suscitent est légitime et pourrait bien perdurer.

Du côté de l’hexagone, les grosses cylindrées sont encore en rodage et pour l’attribution du titre aucun doute ne subsiste : le Paris Saint-Germain a les cartes en main. Avec les départs de James Rodriguez et Falcao Monaco peinera même à s’imposer comme dauphin n°1 du club parisien, un statut que Lille, Saint-Etienne et Marseille convoitent également. Cependant, Bordeaux, le « tube de l’été » ne sera peut-être pas un simple feu de paille. En effet, à défaut de lui garantir d’avoir déjà l’étoffe d’un prétendant au sacre (ou même à la C1), le renouveau du club bordelais, et le contexte dans lequel il se déroule, a des allures de promesse pour l’avenir plus que d’embellie passagère. 

Liga : pour l’Atlético, l’impossible doublé ?

En Espagne, l’an dernier, l’Atlético avait joué les trouble-fête, s’immisçant dans le duel que le Real Madrid et le FC Barcelone se livraient, sans partage, depuis une dizaine d’années. Les Colchoneros avaient fini par remporter le titre, en décrochant le match nul sur la pelouse de leurs rivaux Catalans lors de la dernière journée, passant même à une minute de décrocher la Coupe aux grandes oreilles au nez et à la barbe de leur voisin madrilène et d’ainsi parachever leur œuvre, à savoir: la saison la plus aboutie de l’Histoire du club. Peuvent-ils de nouveau coiffer au poteau les deux monuments qui ont empoché 54 des 83 titres de Champion d’Espagne attribués ?

Conserver leur couronne serait un véritable exploit. En effet, cela fait 30 ans qu’aucun club autre que le Barça ou le Real n’a remporté deux Liga d’affilée (Bilbao 82/83 et 83/84) et au-dessus de la tête de l’Atlético plane le spectre de l’exploit sans lendemain. Ce dernier a déjà été en partie balayé par la victoire en Supercoupe d’Espagne face à la Maison Blanche (1-1, 1-0) ... mais alors que la saison passée, les Colchoneros avaient démarré le championnat sur les chapeaux de roue (huit victoires lors des huit premiers matchs) ils ont concédé le match nul (0-0) face au Rayo Vallecano (qu’ils avaient battu 5-0, à la même époque, il y a un an) en ouverture du championnat. Ils comptent pour l’instant 4 points et accusent déjà, après deux matchs, un retard de 2 unités sur les Blaugranas (6 pts) Cependant, ils figurent devant leurs rivaux Merengues (3 pts) qui se sont fait surprendre sur le terrain de la Real Sociedad (4-2, 2ej), alors qu’ils menaient 2-0, au quart d’heure de jeu.

Du côté du marché des transferts estival, si le Real s’est attaché les services du portier costaricien Keylor Navas, a rajouté deux étoiles à sa constellation de stars (James Rodriguez et Toni Kroos) et s’est offert, sur le gong, un joker de luxe en la personne du Mexicain Chicharito, il a également perdu Di Maria (Manchester United) et Xabi Alonso (Bayern Munich). Finalement, médiatiquement il ressort comme un des grands gagnants du mercato mais la plus-value sportive de ces différentes transactions reste à prouver.

 Le Barça s’est séparé de certains joueurs importants (Fabregas, Sanchez, Valdès) et a beaucoup recruté. Le club a enrôlé deux gardiens (Bravo et Ter Stegen), trois défenseurs (Matthieu, Vermaelen, Douglas), un attaquant de classe mondiale en la personne du controversé Luis Suarez (suspendu jusqu’au 25 octobre), ainsi qu’un milieu de terrain de grande qualité (Ivan Rakitic). Son potentiel offensif paraît encore plus impressionnant que l’an dernier, avec un trio Messi-Neymar-Suarez affolant de talent... mais le lutin argentin a déjà prouvé par le passé que cohabiter avec des buteurs prolifiques n’étaient pas toujours de son goût. Là encore, le véritable renforcement du club catalan demande confirmation. Pour l'instant, les nouvelles têtes  les plus efficaces, côté catalan, sont deux joueurs issus de la réserve et promus dans l'effectif professionnel : Munir El Haddadi et Sandro Ramirez (tous deux buteurs en championnat).

Chez l’Atlético, si le retour de Thibaut Courtois à Chelsea pourrait être préjudiciable, les départs de David Villa, Adrian Lopez et Diego Costa ont été intelligemment compensés par les arrivés d’Antoine Griezman, d’Alessio Cerci et de Mario Mandzukic. Surtout, le club a conservé son assise défensive (la paire de centraux Miranda-Godin lui est restée fidèle), le cœur de son milieu de terrain reste inchangé (Koke, Tiago, Gabi, Arda Turan... sont tous restés) et la figure emblématique de son succès (Diego Simeone) ne l’a pas quitté. De plus, le coach argentin _ qui a fait progresser son équipe avec régularité depuis son arrivée il y a 3 ans (5e, 3e puis 1er) _ n’a rien perdu de son mordant (suspendu huit matchs suite à une « altercation » avec le corps arbitral).

La hiérarchie ne semble donc pas particulièrement bouleversée par cette période de transferts mais l’Atlético n’en sort tout de même pas indemne. En effet, avec une masse salariale trop conséquente (par rapport à son revenu annuel)*, le club risque de devoir dégraisser, ce qui, face aux effectifs pléthoriques du Real et du Barça pourrait s’avérer rédhibitoire.

La victoire en Supercoupe est-elle le dernier soubresaut de l’Atlético, avant que le club ne rentre dans le rang, ou la preuve que sa formidable saison 2013/2014 n’est que la prémisse d’un long bail parmi les ténors de la Liga et du continent ? Finalement, à la lumière de ce mercato estival, des difficultés financières rencontrées par les Colchoneros et du début de saison, la réponse est peut-être dans la demi-mesure...

A défaut d’à nouveau s’imposer comme un grand d’Europe cette saison, ni comme un prétendant au titre de champion d’Espagne (?), l’Atlético paraît en mesure de s’installer durablement dans le haut du tableau de son championnat dominical. Le Real et le Barça semblant quant à eux destinés à se disputer le sceptre qu’ils ne cessent (quasiment) de s’échanger depuis une trentaine d’années. Derrière ce qui restera certainement le trio de tête : Valence, Séville, Bilbao ou encore la Real Sociedad seront a priori amenés à lutter pour les places européennes.

Premier League : hiérarchie indéterminée

Depuis près de 10 ans (2004/2005), le championnat anglais ne s’est jamais conclu sans qu’au moins l’un des deux clubs de Manchester ne le termine au rang de champion ou de premier dauphin. Sur la période, United et City se partagent 7 des 9 titres attribués (les deux autres ont été remportés par Chelsea) dont les quatre derniers. Mais alors que ces dernières saisons, malgré la concurrence, les ogres mancuniens étaient restés souverains, le réveil de Liverpool  et la fin de cycle très brutale subie par les Red Devils, ont rebattu bien des cartes. Du rêve d’une reconstruction express caressé par Manchester United à l’ambition de récidiver assumée du coté de Manchester City en passant par le club de la Mersey et les grosses écuries londoniennes (Arsenal, Chelsea voire Tottenham) qui ne manquent pas d’arguments... bien malin qui pourra annoncer le gagnant. Surtout qu’en ce début de saison, Outre-manche, les voyants passent du vert au rouge, et vice versa, à vitesse grand V au gré de matchs surprenants et souvent déséquilibrés.

Le 10 août dernier, Arsenal renverse Manchester City 3-0 et remporte le Community Shield. Le jour même, en match de préparation, Liverpool corrige 4-0 un Borussia Dortmund encore en phase de rodage. Deux semaines plus tard ? Dans le cadre de la 2e journée de Premier League, alors qu’Arsenal arrache péniblement le partage des points à Everton (2-2), Manchester City domine Liverpool de la tête et des épaules (3-1). Puis ces mêmes Citizens s’inclinent à domicile (0-1) face à Stoke (3e j). A en perdre la tête !

Dans le genre « difficile à cerner », Manchester United (2 pts / 3 rencontres) n’est pas en reste. Après avoir battu l’AS Roma (3-2) et le Real Madrid (3-1) dans le cadre de l’International Championship Cup (tournoi préparatoire), puis Liverpool (3-1) en amical ... les Red Devils se sont montrés incapables de remporter ne serait-ce qu’un seul de leurs trois premiers matchs de championnat.

Pire, en coupe, ils ont subi une terrible humiliation face au Milton Keynes Dons (club de 3e division) en s’inclinant 4-0, avec une équipe bis mais pourvue de certains titulaires en puissance [De Gea, Januzaj, Anderson, Evans, Kagawa, Welbeck, Chicharito (ces trois derniers étant partis depuis)...]. Quelques heures auparavant United officialisait la signature d’un renfort de poids : l’ex-madrilène Angel Di Maria... ascenseur émotionnel assuré : entre l’espoir et la honte les supporters du club le plus titré d’Angleterre ne savent plus sur quel pied danser. Dernier rebondissement, lors des ultimes minutes du mercato Man U a obtenu le prêt de Radamel Falcao, l’un des buteurs les plus prolifiques des cinq dernières saisons en Europe (31 buts/an en moyenne). Avec la retraite de Giggs et les départs d’Evra, Ferdinand et Vidic, c’est une vraie page qui se tourne et toute la base arrière qui doit être reformée (arrivées de Rojo, Shaw et Blind, défense à 3 ?), plus encore, c’est l’équipe entière qui devrait changer de visage (comment utiliser Di Maria et faire cohabiter Rooney, Van Persie et Falcao ?) Beaucoup de questions subsistent autour des Diables Rouges.

Leur ennemi intime a plus de certitude, mais doit tout de même faire face à la perte d’un joueur exceptionnel, dans tous les sens du terme. Les Reds de Liverpool (6 pts) sont orphelins de Luis Suarez. Pour le remplacer, c’est d’abord sur une cohorte de simples bons joueurs que le club a souhaité s’appuyer (Lallana, Lambert, Markovic...), mais c’est finalement à un autre grand joueur, par le talent comme par les frasques, que la tâche sera confiée. Ce joueur, c’est Mario Balotelli. Avec autour de lui des jeunes prometteurs (notamment Henderson, Sturridge et Sterling) et l’inusable Steven Gerard, l’ensemble a fière allure.

Pour conserver son titre, Manchester City (6 pts)  a misé sur la continuité. Seule folie de l’été ? L’arrivée de Mangala (plus cher transfert de l’Histoire pour un défenseur). Frank Lampard sera là quelques mois pour dépanner et c’est finalement un joueur déjà présent l’an dernier qui pourrait être le renfort le plus conséquent : si Jovetic, transfuge (en 2013) de la Fiorentina, avait peiné à convaincre la saison passée, il démarre celle-ci pied au plancher (déjà buteur en amical, il compte 2 réalisations en championnat). Il devra prendre le relai de Negredo (prêté à Valence).

En mai dernier Arsenal (5 pts) a rompu la malédiction en remportant un trophée (le premier depuis 9 ans), avant donc, d’enchainer cet été avec le Community Shield. Un déclic ? Les hommes d’Arsène Wenger se veulent en tout cas ambitieux. Le recrutement d’Alexis Sanchez répond à la volonté d’augmenter la palette offensive de l’équipe... mais la question de la défense reste entière tant l’an passé cette dernière avait causé du tort aux Gunners lors des matchs importants.

Côté Chelsea, l’an II du come back de Mourinho pourrait bien être couronné de succès. Pour l’instant intraitables en championnat (9 pts) les Blues ont remanié leur attaque par rapport à la saison passée : exit Ba, Torres et Eto’o, (re)bonjour Drogba et Diego Costa. Déjà beaucoup moins boring (vainqueur 6-3 à Everton [3ej] dans un match fou) ce Chelsea-là a l’étoffe d’un sérieux candidat au titre (les bookmakers anglais en on fait leur favori), mais le pedigree de ses victimes (Burnley, Leicester et donc Everton) relativise cette parfaite entrée en matière.

Enfin, Swansea (9 pts), tombeur de Man U à Old Traford lors de la première journée, est l’autre équipe à n’avoir connu que la victoire... mais devrait vite retrouver le milieu de tableau et Tottenham (6 pts) d’abord convaincant (deux victoires) avant de se faire corriger par Liverpool (0-3, 3ej) risque de voir ses problèmes défensifs plomber à nouveau sa saison (6e l’an dernier, les Spurs étaient la pire défense du « Top 8 »).

Du côté de la Perfide Albion, les matchs de préparation et le début des compétitions n’auront dégagé aucune véritable hiérarchie, révélé que très peu d’enseignements majeurs. Deux tendances émergent de ce début de saison : l’incertitude plane bel et bien sur la Premier league et la chute du superbe édifice que Sir Alex Ferguson a mis tant d’années à bâtir confère à Van Gaal une tâche aussi passionnante qu’infiniment compliquée : celle de redonner ses lettres de noblesse à un Manchester United en plein chantier.

Bundesliga : Un Bayern difficile à déboulonner

Sur les terres des récents champions du monde les rôles sont mieux définis, et le Bayern Munich est l’immense favori. Le club bavarois s’est encore renforcé cet été en attirant Robert Lewandowski, le buteur de son plus sérieux rival (Dortmund) après lui avoir subtilisé son maître à jouer, Mario Götze (héros de la finale de la Coupe du Monde), l’an dernier. Plus globalement, c’est dans toutes les lignes que le Bayern a recruté, (Lewi, donc, en attaque, Xabi Alonso au milieu, Mehdi Benatia en défense et Reina en doublure de Neuer), tout en conservant les piliers de ses victoires passées (Lahm, Schweinsteiger, Ribéry, Robben, Müller...).

De plus, le jeu que Pep Guardiola tente de mettre en place depuis un an, légèrement différent de celui pratiqué par le Bayern sous l’ère Jupp Heynckes (2011-2013), devrait porter ses fruits sur la durée. Les Munichois réalisent un début de championnat correct, avec 4 points en deux matchs, soit un de plus que leur dauphin de l’année passée : le Borussia Dortmund, qui les a battu lors de la Supercoupe d’Allemagne (2-0).

Après sa défaite à domicile face au Bayer Leverkusen, actuel leader, lors de la première journée, Dortmund a remis les pendules à l’heure... non sans se faire peur. Déjà très inquiétants défensivement lors du match amical perdu 4-0 face à Liverpool (avec, certes, une équipe remaniée) les joueurs du Borussia continuent de faire preuve de fébrilité : alors qu’ils menaient 3-0 à 10 minutes du terme sur le terrain d’Augsbourg, ils se sont imposés 3-2, dans la douleur. La bonne nouvelle ? Le retour en forme du revanchard (privé du voyage au Brésil par une blessure) Marco Reus (buteur et passeur) qui sera sans doute l’atout numéro 1 d’un club qui n’en manque pas, surtout offensivement [Mkhitaryan, Aubameyang, Immobile, Kagawa (de retour)...].

Outre le Leverkusen de Stefan Kiessling (14 buts/saison en championnat, en moyenne, depuis 8 ans) auteur pour l’instant d’un sans-faute (6 pts), Schalke 04, qui vient de tenir en échec le Bayern (1-1, 2ej) et le Borussia Mönchengladbach sont les principaux outsiders de cette Bundesliga.

Le Bayer (6 pts) réalise donc un départ canon n’ayant eu besoin que de 9 secondes (!) (un record) pour ouvrir le score sur le terrain de Dortmund, s’imposant finalement 2-0 et enchaînant ensuite par une victoire 4-2 face au Herta Berlin. Mais attention, lors de la précédente saison, Leverkusen avait surpris puis confirmé dans un premier temps, restant longtemps dauphin du Bayern (de la 13e à la 22e journée) avant de s’écrouler à partir de l’humiliation vécue à domicile face au PSG, en 8e de finale aller de la C1 (0-4, le 18 février 2014). Cette année, le scénario risque de se répéter, lorsque les ogres de Munich et de Dortmund seront en ordre de marche, mais la 3e place paraît accessible.

Cette 3e place, c’est Schalke (1 pt), qui la détenait l’an dernier. Mais le club de Gelsenkirchen, éliminé par un club de D3 (le Dynamo Dresde) en coupe d’Allemagne, puis défait d’entrée de championnat par Hanovre, connait une mise en action difficile. Avec le jeune Julian Draxler, le talentueux (autant qu’imprévisible) Kevin-Prince Boateng et le renard Klaas-Jan Huntelaar il a de quoi relever la tête mais présente pour l’instant un visage inquiétant.

Si le discours de Draxler se veut rassurant « On savait que ce pourrait être compliqué. Maintenant, il ne faut pas paniquer, la saison est encore longue. Chacun sait ce qu'il a à faire et je suis persuadé que l'équipe peut se reprendre.» il reste très politiquement correct et n’apporte que peu d’informations sur les maux initiaux de sa formation.

Le Borussia Mönchengladbach, de son côté, réalise un départ timide en Bundesliga (2 pts) mais a laissé entrevoir de belles choses, face à des équipes d’un moindre calibre (victoire 7-0 en barrage de l’Europa League face au FC Sarajevo notamment). Avec des espoirs venus de divers horizons, tels que Granit Xhaka (Suisse), Branimir Hrgota (Suédois) et Thorgan Hazard (Belge) [tous 21 ans] ou encore l’amnésique2 champion du monde Christoph Kramer, l’autre Borussia tentera de confirmer qu’il fait maintenant partie intégrante du gotha germanique.

En Allemagne, le Bayern Munich semble garder un temps d’avance sur la concurrence. Le Borussia Dortmund qui a su le faire tomber lors de la Supercoupe est son challenger le plus crédible mais parait promis à la deuxième place. Les difficultés relatives rencontrées par les deux clubs cet été ne sont certainement pas révélatrices d’un quelconque déclin et des clubs comme Schalke 04, le Bayer Leverkusen ou le Borussia Mönchengladbach devraient se disputer les accessits.

Serie A : la Juventus pour continuer à régner

La Vieille Dame, qui avait marché sur la Serie A l’an dernier (s’imposant avec le total record de 102 points) a conservé la même ossature (Buffon, Chiellini, Pirlo, Pogba, Vidal, Tevez ou encore Llorente sont restés), recruté quelques joueurs (Morata, Evra, Coman...) mais perdu son entraîneur. Ce dernier, Antonio Conte, avait été un des acteurs majeurs du renouveau turinois : arrivé à la Juventus en 2011 alors que le club restait sur deux septièmes places décevantes en championnat, il n’y a connu que le titre de champion en trois saisons. Massimilliano Allegri aura la lourde tâche de lui succéder avec pour objectif de renouer avec le succès en Ligue des Champions (ce que n’avait pas su faire Conte) tout en restant maître d’Italie... ce qui est loin d’être acquis. En effet, plusieurs autres équipes lorgnent sur le titre, notamment l’AS Rome.

L’été dernier, la Roma, avec Rudi Garcia à sa tête, avait surpris tout le monde. Le club romain, 6e la saison précédente (2012/13) débutait par 10 victoires d’affilée en championnat, avec, qui plus est, 24 buts marqués et... un seul encaissé (!) Si l’espoir d’une lutte passionnante pour le titre (la Juve et le Napoli suivaient alors à cinq points) a vite été balayé par une souveraine Vieille Dame, le départ canon des loups les mènera à la 2e place finale.

Cette saison doit être celle de la confirmation. Avec un recrutement intelligent (Ashley Cole, Juan Manuel Iturbe) le virevoltant Gervinho et l’impérissable Totti, les romains tenteront de franchir un nouveau cap et cela commence bien, avec une victoire 2-0 face à la Fiorentina pour le compte de la première journée (pendant que les Turinois s’imposait 1-0 sur la pelouse du Chievo Verone).

Une équipe de Florence, justement, qu’il faudra surveiller. 4e la saison passée, la Viola n’a pas signé de grands noms du football mondial, mais c’est de son effectif de l’an dernier que pourraient venir les raisons d’espérer. En effet, en conservant Juan Cuadrado, sa pépite colombienne, et en caressant le rêve d’enfin pouvoir aligner régulièrement son redoutable duo d’attaquants Rossi-Gomez (les deux joueurs ayant été tour-à-tour blessés en 2013/2014) _ et ce même si le premier nommé est (déjà) touché au genou actuellement _ la Fiorentina peut encore tutoyer les sommets.

Des sommets que le Napoli ne devrait pas quitter... malgré un début de saison loin d’être rassurant. Après, entre autre, une défaite à domicile contre le PSG (2-1) en amical et l’élimination  face à l’Athletic Bilbao (1-1 ; 3-1) en tour préliminaire de la C1, les Napolitains ont arraché (à la 95e minute) la victoire sur le terrain du Genoa en ouverture du championnat (2-1). Si l’entame est laborieuse, la suite pourrait être plus savoureuse : avec Mertens, Hamsik, Insigne, Callejon ou encore Higuain Naples a de quoi enflammer son formidable public. Le gros point d’interrogation restera, comme l’an passé, la capacité que cette équipe aura à garder sa cage inviolée (39 buts encaissés en championnat en 2013/2014, contre 23 et 25 pour la Juve et la Roma).

Autres protagonistes de cette Serie A, les deux clubs de la ville de Milan (qui avaient terminé aux deux premières places en 2010/11) se devront de redorer leur blason écorné ces derniers temps. L’Inter qui déçoit depuis trois saisons (6e, 9e et 5e) paraît a priori mieux armé pour rejouer les premiers rôles que son voisin milanais : l’arrivée de Vidic (bien que ce dernier ne soit plus aussi souverain que lorsqu’il était la référence européenne à son poste) restant un des gros coups de l’été et celle d’Hernanes (dès janvier) étant pleine de promesses. La page du fameux triplé de 2010 (C1, Serie A, Coupe d’Italie) est en tout cas définitivement tournée avec la retraite de Zanetti et le départ d’autres cadres du passé (Samuel, Cambiasso, Milito). Les Interistes ont débuté par un match nul 0-0 sur le terrain du Torino.

Un peu moins attendu, le Milan AC (en perte de vitesse accélérée depuis quatre saisons : 1er, 2e, 3e, 8e) a lui entamé son championnat par une victoire convaincante face à la Lazio Rome (3-1). En plus d’être très « parisien » (Ménez, Alex...), le mercato milanais offrira à Torres (prêté par Chelsea) l’occasion de retrouver l’instinct du buteur qui le caractérisait à Liverpool... et avec son entraîneur, il sera à bonne école. En effet, le nouveau coach des Rossoneri, Super Pippo Inzaghi, ne manquait pas de flair face aux cages adverses. Lui qui a déclaré : « Nous pouvons être la surprise de ce Championnat. » sera-t-il aussi inspiré dans ses pronostics ?

Si la Juventus s’avance en favorite à sa propre succession, son hégémonie (3 sacres d’affilée) pourrait être mise en danger. Avec à sa tête un nouveau guide (Massimiliano Allegri) le club turinois devra se méfier de ses dauphins de l’an dernier : l’AS Rome et le Napoli. Le titre ne devrait pas échapper à l’un de ses trois clubs même si la Fiorentina fait figure de sérieux outsider alors que l’Inter et le Milan AC ne pourront se complaire éternellement dans la médiocrité qu’ils imposent à leurs tifosis depuis quelques mois, voire quelques années.

 

Aux quatre coins du continent, au sein de ce football européen qui voient ses représentants s’affronter durant d’interminables saisons aux allures de marathon, s’appuyer sur les rencontres amicales, les premières joutes officielles et les éventuels impacts des transferts majeurs pour établir, si tôt, des hypothèses sur le long terme est un jeu aussi compliqué que dangereux.

On envisage parfois le pire, on rêve souvent du meilleur, et on se risque toujours à évoquer le dénouement d’un livre dont on vient seulement de lire la préface.

Demain ce sont peut-être l’ensemble des suppositions à l’instant évoquées qui se verront balayées par les divers aléas de l’année... mais  c’est aussi ça le charme de l’été, de ses mirages et de ses vérités.

 

Simon Farvacque

 

*http://www.goal.com/fr/news/32/espagne/2014/08/27/5064396/latl%C3%A9tico-madrid-est-dans-le-rouge

2 http://www.metronews.fr/sport/football-christoph-kramer-ne-se-souviendra-jamais-qu-il-est-champion-du-monde-avec-l-allemagne/mnhE!fK2j1vyfS46ag/

L’équipe Magazine du 23/08/14

L’équipe du 30/08/14

http://www.lequipe.fr/Football/FootballFicheClub227.html

http://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_d%27Espagne_de_football

http://www.francefootball.fr/championnat-d-espagne/2013-2014/resultats/n/2e-journee/45612

 http://www.lequipe.fr/Football/FootballResultat45867.html

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Publié le 02/08/2014 


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