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Un rang à tenir. Un cap à franchir ?


(affiche du Tournoi EuroEssonne 2013)

A l’occasion des Championnats du Monde de basket féminin (27 septembre – 05 octobre), l’équipe de France, finaliste des deux dernières grandes compétitions internationales qu’elle a disputées, cherchera à consolider son nouveau statut au sein du gotha planétaire voire à troquer son costume de trouble-fête argenté pour celui de favori doré. Présentation du contexte dans lequel se présente la sélection française, face à cette tâche loin d’être aisée.

Si la médaille olympique, conquise à Londres, avait projeté les Bleues dans un autre univers, ne serait-ce que médiatiquement, la dynamique positive du basket féminin français ne date pas de 2012. Ainsi, de l’Euro 2009, qu’elles ont remporté, à celui de 2013, qui les a vues s’incliner lors du dernier acte, les Tricolores ont terminé sur le podium de quatre des cinq grands tournois disputés sur la durée.

Seulement, le seul couac _ relatif _ qu’elles ont rencontré sur cette période fût celui du Mondial 2010 (6e). Plus largement, l’équipe de France a toujours, historiquement, eu du mal à briller dans cette compétition, n’y décrochant qu’une seule médaille (en terminant 3e de la première édition en 1953). Pour y remédier cette année, elle pourra certes s’appuyer sur plusieurs des femmes qui la portent depuis une décennie... mais sera également privée de certaines des joueuses phares de son proche passé, se présentant en Turquie avec un groupe renouvelé.

Yacoubou, l’absente de marque

L’un des symboles de ce renouvellement est l’absence d’Isabelle Yacoubou. Cette dernière, qui par son énergie dans la raquette avait été l’un des éléments fondateur des deux dernières campagnes réussies par les Bleues, a exprimé le besoin de s’éloigner un temps des parquets : « Dans la vie, il faut savoir trouver un équilibre, et j’avais besoin de m’offrir cette parenthèse. Je me suis expliquée avec les dirigeants, ça n’a pas été facile, mais j’assume ce choix ». Présente dans le meilleur cinq de l’Euro, l’an dernier, elle risque de cruellement manquer cette année.

Edwige Lawson-Wade (210 sélections entre 1998 et 2013) et Emmeline Ndongue (196 sélections entre 2002 et 2013), jeunes retraitées, ne fouleront pas non plus le sol des salles turques. Le manque d’expérience internationale sera donc un véritable problème pour une équipe de France composée de nombreuses novices : Ana Maria Cata-Chitiga, Héléna Ciak, Paoline  Salagnac et Ingrid Tanqueray comptant toutes, seulement, entre 7 et 11 matchs en bleu. Cependant, les figures de proues des dernières épopées du basket féminin français ne manqueront pas toutes à l’appel. Ainsi, Céline Dumerc sera bien de la partie.

Dumerc, la capitaine de route

La meneuse de l’équipe de France ne l’est pas seulement par le poste. Connue pour sa capacité à élever son niveau de jeu dans le money time, ses shoots à 3 points dans les ultimes secondes des matchs sont devenus sa marque de fabrique.

Alors qu’elle a effectué cette année ses premiers pas en WNBA _ dont elle « retiens(t) plein de chose, mais surtout une mentalité différente, le fait de travailler dans un environnement professionnel, et de jouer dans des salles immenses. » selon ses propres mots _ son rôle de guide auprès de ses coéquipières sera encore plus important que lors des précédents tournois.

Forte de ses 207 apparitions en équipe de France et d’une nouvelle expérience réussie (meilleure de toute la ligue au ratio passe décisives/minutes jouées lors de son épisode américain)  la joueuse de Bourges pourra compter sur une autre Bleue qui exporte son talent Outre-Atlantique, pour cornaquer l’escouade française.

Gruda, la tour de contrôle

Sandrine Gruda _ membre du club d’Ekaterinbourg* depuis 7 ans et qui joue également pour la franchise des Los Angeles Sparks en WNBA (après avoir défendu les couleurs du Sun de Connecticut entre 2008 et 2010) _ est le pendant intérieur de Céline Dumerc.

Souvent dominatrice dans la raquette (26 points à 56% lors du dernier match de préparation face aux Américaines) elle représente la principale force de frappe française sous l’arceau. En plus de par ses statistiques, c’est par son tempérament et sa faculté à play hard qu’elle peut apporter à la bande de Valérie Garnier, déclarant dernièrement : « J’aime bien jouer face à de la dureté, puis contre les grosses équipes c’est toujours motivant. ».

A ses côtés, Endy Miyem, polyvalente poste 3 et 4, devrait avoir beaucoup de temps de jeu dans la peinture, surtout en raison des absences déjà évoquées (Ndongue et Yacoubou). Elle aussi commence à accumuler un certain vécu en équipe nationale, ayant notamment été présente lors du tournoi olympique en 2012.

Seule une quatrième joueuse qui avait été de l’aventure londonienne fera encore la démonstration de ses talents durant ce Mondial. Cette joueuse, c’est Emilie Gomis.

Gomis, le facteur X

A peine remise de l’arthroscopie d’un genou qu’elle a subie en mai dernier, elle jouera sans doute un rôle majeur, que ce soit en tant que joker de luxe en sortie de banc, vu sa forme du moment, ou en tant que membre du cinq majeur, au sein du groupe tricolore.

Sa capacité à jouer au niveau qui fut le sien lors des dernières belles prestations françaises en compétitions internationales sera certainement l’une des clés de la réussite de cette équipe: redoutable scoreuse, ses qualités athlétiques font d’elles une joueuse efficace en pénétration, mais elle représentera également un des principaux dangers extérieurs pour les équipes adverses.

Dans ce registre de gâchette longue distance, Gaëlle Skrela, révélée, l’an dernier, sur le tard, sera elle aussi un élément important d’un groupe France qui attaque la compétition entre confiance et questions.

En effet, le tournoi de Paris (17-21 septembre) a dessiné les contours d’une équipe déjà compétitive mais encore perfectible.

Un exploit porteur d’espoir

Dépassées dans l’intensité et trahies par leurs maladresses,  face aux Australiennes (défaite 55-71), puis survoltées et intraitables face aux quasi-invincibles Américaines (victoire 76-72), les Françaises ont montré en l’espace de deux jours à la fois l’étendue de leurs capacités et la fragilité de l’équilibre qu’elles sont en train de trouver entre immaturité et ancienneté.

Le fait que ce succès historique (la France n’avait plus battu les Etats-Unis depuis 20 ans et Team USA n’avait plus chuté depuis 4 ans) vienne clore la préparation des Bleues ne peut qu’être positif.

Dans leur groupe, composé du Mozambique, du Canada et de la Turquie, leur adversaire principal devrait être le dernier cité. Seule la première place offre une qualification directe en quart de finale mais les deuxièmes et troisièmes rangs permettent d’accéder à un barrage aux allures de 8e de finale.

Fini les Braqueuses ?

Alors que l’appellation « Braqueuses », née, en 2012, du tournoi olympique des joueuses françaises de l’époque, poursuit aujourd’hui les membres du millésime 2014 de la sélection nationale, il est peut-être temps pour ces dernières d’exister à travers leurs performances du moment et non plus seulement à travers ce sobriquet, bien que certaines y tiennent visiblement, lui attribuant une véritable valeur identitaire.

Que ce soit pour en finir avec ce dernier, qui semble les destiner à rester toujours dans un rôle d’outsiders qui leur colle de moins en moins à la peau, ou pour lui offrir de plus grandes lettres de noblesse, les basketteuses françaises doivent écrire une nouvelle page de leur histoire, encore plus glorieuse cette fois, en franchissant le cap entre finalistes et gagnantes... qui plus est lors d’un Championnat du Monde et non d’Europe.

Assumer le poids de ses exploits passés, et avoir un rang à tenir, n’empêche pas de rêver à un encore plus radieux avenir. A partir de demain (premier match face à l’hôte turc), il appartient aux joueuses de l’équipe de France de faire de ce rêve une réalité. En s’imposant comme les reines planétaires, qu’on les affuble encore, ou non, du même surnom, les Bleues entreraient dans une nouvelle dimension.

 

Farvacque Simon

 

*Florissant, tant économiquement que sportivement, le club russe a participé au Final 4 de l’Euroligue de 2008 à 2013 en étant même le vainqueur final en 2013. Il propose à ses joueuses des salaires et des conditions de professionnalisme inégalés sur le vieux continent.

Sources :

http://www.ffbb.com/edf/equipe-de-france-feminine/programme-et-resultats (Les douze joueuses sélectionnées)

http://www.sports.fr/basket/equipe-de-france/scans/yacoubou-forfait-pour-le-mondial-1037215/

http://www.lejdc.fr/nievre/sports/actualite/basket/2014/04/09/basket-ball-emmeline-ndongue-va-mettre-un-terme-a-sa-carriere_1958877.html

http://www.fibalivestats.com/matches/3886/12/71/51/18U4EF26aghp6/

http://www.ffbb.com/heroiques

https://fr.sports.yahoo.com/news/dumerc-pr%C3%AAte-combat-084814692--nba.html

http://www.wnba.com/playerfile/celine_dumerc/rank.html

http://www.fibalivestats.com/matches/3886/12/71/53/93pk5wbnulrg/

http://www.basketsession.com/actu/sandrine-gruda-base-lexploit-braqueuses-194753/

Publié le 26/09/14


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