Tweets sur sporthinker
Sporthinker
Un rendez-vous hebdomadaire pour tous les passionnés de sport.

Murray, Djokovic :

 Deux hommes pour un déclic

En remportant le BNP Paribas Masters 2016, et en profitant de la défaite en quart de finale de Novak Djokovic, souverain déchu, Andy Murray a conquis la place de numéro 1 du classement ATP ce dimanche à Bercy. Une consécration qui pourrait lui permettre de passer un cap, mais qui pourrait aussi faire office d’électrochoc pour son rival serbe.

Ce n’était pas son combat. Cantonné au rôle de quatrième larron du « Big Four » qui a régné pendant une dizaine d’années sur le tennis mondial, Andy Murray, jusqu’à cette saison, ne pouvait que se rêver en patron. Il l’est pourtant devenu (n°1 mondial au 07 novembre 2016).

« Je n’y avais jamais pensé »

Longtemps dans l’ombre des ogres que sont/qu’étaient Roger Federer, Rafael Nadal et Novak Djokovic, l’Écossais ne considérait même pas le sceptre de roi du tennis comme un objectif : « quand j’ai débuté sur le circuit professionnel (en 2005), je n’imaginais pas devenir n°1 un jour. Je n’y avais jamais pensé ».

Andy Murray s’est dans un premier temps échiné à conquérir un tournoi du Grand Chelem. Chose faite en 2012, à l’US Open, après neuf présences infructueuses dans le dernier carré. Oui, il pouvait ponctuellement supplanter ses trois rivaux, mais il avait toujours quelque chose à leur envier : la régularité dans l’excellence.

Avant de partir à la conquête du trône, Murray est passé par la case dauphin : entre août 2009 et novembre 2016, il a occupé le deuxième rang du classement ATP pendant 76 semaines. Sur cette période, il ne retombe jamais au-delà de la 6e place en fin de saison (2014), mais en terme de trophées, il peine toujours à cartonner. Ainsi, l’année 2016 est celle de son record en la matière, avec « seulement » 8 titres (avant les ATP Finals), tandis que Roger Federer, Novak Djokovic et Rafael Nadal ont tous les trois connu plusieurs opus avec au moins 10 tournois remportés.

Murray, toujours l’intrus du carré d’as ?

En atteignant la place de numéro 1 du classement ATP à 29 ans et après une décennie de persévérance, Murray a donné du crédit, certes a posteriori, à sa symbolique appartenance au « Big Four ». Mais à la lecture de la statistique précédemment énoncée ainsi qu’à celle de son bilan face à Federer (11-14), Djokovic (10-24) et Nadal (7-17) sur le circuit ATP, cette appartenance reste discutable.

Pour la légitimer définitivement, il devra s’inscrire dans la durée car le Suisse (302 semaines), le Serbe (223) et l’Espagnol (141) ne se sont pas contentés – et c’est un euphémisme – de passages éclair sur le trône (12 ans et 9 mois de règne sans partage à eux trois).

Cela tombe bien, Andy Murray n’a pas l’habitude de faire de ses plus grands succès des finalités. Son titre olympique en simple (2012) ? Il l’a conservé (2016). Son premier tournoi du GC remporté (US Open 2012) ? Il ne s’y est pas arrêté, ajoutant deux sacres à Wimbledon (2013 et 2016) à son tableau de chasse. Son putsch pourrait ainsi n’être que le début d’une nouvelle ère. Mais il pourrait aussi sonner le réveil du « Djoker ».

Djokovic, « épuisé mentalement et émotionnellement »

8035. C’était le nombre de points qui séparaient Novak Djokovic et Andy Murray au classement ATP, au lendemain de la victoire du premier nommé sur le second, à Roland Garros. Un écart abyssal. Un écart que Murray, 26e n°1 de l’histoire du tennis, a comblé en cinq mois, renversant Djokovic, qui conservait le leadership depuis juillet 2014.

Comment la hiérarchie a-t-elle pu s'inverser ? Tout est parti, justement, du sacre de Nole sur le Court Philippe-Chatrier. Un succès historique (acquis à 29 ans, après onze échecs aux Internationaux de France) qui lui a permis d’intégrer le club des vainqueurs des quatre tournois du GC, et qui plus est de les remporter consécutivement. Un accomplissement. Depuis, le Serbe n’y est plus. Il a, certes, atteint la finale de l’US Open (défaite face à Wawrinka), mais il a perdu sa froide détermination.

Dans une conférence de presse à Belgrade, fin septembre, il avait fait part de ses états d’âme, de sa difficulté à prendre du plaisir sur le cours. Quelques jours plus tard, avant le Masters 1000 de Shanghai (9-16 octobre), il est revenu sur ce blocage : « mon approche est différente. J'ai rencontré beaucoup de difficultés à profiter du temps que je passais sur le court après Roland-Garros. J'étais épuisé mentalement et émotionnellement (…) Je ne ressens plus cette joie intérieure de jouer. Ma priorité est de la retrouver ».

Redevenir le chasseur, le challenge qu’il lui fallait ?

Alors que Murray est sur une dynamique impressionnante (quatre tournois gagnés d’affilée – à Pékin, Shanghai, Vienne et, donc, Bercy), Djokovic a vécu une défaite symbolique lors du BNP Paribas Masters. Sa première depuis 2012 durant le Masters parisien et face à un joueur, Marin Cilic, qui ne l’avait jamais battu en quatorze confrontations.

Dans sa communication, pas de révolte clamée, pas de déclaration tonitruante. Mais du mieux, un peu : « je suis dans un meilleur état d’esprit que je ne l’étais récemment (…) je pense être sur la bonne voie ». Il le confesse, il aura besoin d’ « un certain temps pour (se) débarrasser de tout ça », pour tourner la page de cette période de décompression forcée. Mais pour cela, quoi de plus efficace que de le piquer dans son orgueil de champion ?

Il entamera les ATP Finals dits « Masters » de Londres (13-20 novembre), dans la peau du chasseur (405 points de retard), avec la possibilité de reconquérir son statut de souverain du tennis masculin*. Et se retrouver ainsi bouté de son piédestal est peut-être la meilleure chose qui pouvait lui arriver.

Alors, qui de Murray ou de Djokovic va, dès la fin de cette saison puis en 2017, puiser de la force dans cette passation de pouvoir inattendue et peut-être très provisoire ? Les deux sont en mesure de le faire, capables d’en tirer profit. Mais si ce mini-cataclysme peut jouer le rôle de déclic dans leurs carrières respectives, il n’y a de la place que pour l’un d’eux au sommet du tennis mondial.

Simon Farvacque

Publié le 06/11/2016

 

*Points attribués lors du « Masters » :
http://www.barclaysatpworldtourfinals.com/en/event/points-and-prize-money 
 
Sources :

 

http://www.lequipe.fr/Tennis/TennisFicheJoueurM_3233.html

http://www.lequipe.fr/Tennis/Actualites/Novak-djokovic-je-ne-ressens-plus-cette-joie-interieure-de-jouer/735224

http://www.lequipe.fr/base/tennis/duels/FaceaFace.html#JOUEUR1=3233&JOUEUR2=3153

http://www.atpworldtour.com/en/news/andy-murray-no-1-emirates-atp-rankings-tribute

http://www.welovetennis.fr/atp-paris-bercy/119397-murray-je-nimaginais-pas-devenir-numero-un

https://twitter.com/LaurentVergne/status/794608752859213824

http://www.eurosport.fr/tennis/masters-paris-bercy/2016/de-juin-a-novembre-comment-murray-a-inverse-la-courbe-et-pris-le-pouvoir-a-djokovic_sto5940535/story.shtml

http://www.eurosport.fr/tennis/masters-paris-bercy/2016/djokovic-je-ne-suis-pas-trop-inquiet-pour-mon-avenir_sto5939330/story.shtml


Ce site web a été créé gratuitement avec Ma-page.fr. Tu veux aussi ton propre site web ?
S'inscrire gratuitement