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Soukalova et Fourcade dans le viseur

Les Championnats du Monde de Biathlon se déroulent du 3 au 13 mars 2016, à Oslo. Les deux leaders des Coupes du Monde féminine et masculine, Gabriela Soukalova et Martin Fourcade, y feront face à une pléiade d’outsiders frustrés par leur mainmise. La Tchèque, peu rompue à l’exercice, et le Français, en habitué, seront-ils à la hauteur de leur statut ? 

Martin Fourcade

Quatorze ans après… et pour de vrai. La capitale norvégienne accueille les Mondiaux de biathlon pour la première fois depuis 2002. Elle avait alors été le théâtre d’une édition tronquée où seules les « Mass Start » étaient programmées*. Pour oublier ce simili de compétition, le pays le plus septentrional de l’Europe, chez les hommes, est excellemment armé.

Norvège : un quatuor de rêve… confronté à la réalité

Ole Einar Bjoerndalen, la Légende ; Emil Svendsen et Tarjei Boe, ses héritiers ; Johannes Boe, vingt-deux ans, seulement… mais plus en verve que ses illustres aînés depuis quelques années (notamment sacré l’an passé sur le 10 km) : La formation norvégienne a de quoi impressionner. Ses meilleurs éléments ont tous déjà acquis au moins une médaille d’or mondiale, individuellement (OEB en compte onze, en plus des huit titres qu’il a glanés en tant que membre d’un relais).

Au-delà des CV, les statistiques de la saison tempèrent leur force de frappe : à eux quatre, les biathlètes nordistes ne cumulent que trois succès individuels, n’atteignant même pas la moitié du total de Martin Fourcade (7), hégémon peu enclin à partager. Cependant, depuis que la fusée française s’est envolée en quête d’un cinquième Gros Globe (223 points d’avance sur Anton Shipulin, son dauphin)… les Mondiaux ont pris une importance croissante.

Déjà objectif principal des Norvégiens, ils sont devenus une question d’honneur pour eux, quasiment leur unique leitmotiv : les impasses faites lors de la tournée américaine (à laquelle Bjoerndalen et Svendsen n’ont même pas participé) en attestent. Les frères Boe ont parfait leur condition, se rassurant par la même occasion (3e place au CG pour Tarjei, deux victoires pour Johannes en 2016) et Emil a pris du repos (il aurait évoqué un surentraînement automnal) : ils seront prêts.

Schempp et Shipulin : l’heure de la consécration ?

Mais ils ne seront pas les seuls dangers, capables de « matcher », intrinsèquement, avec Martin Fourcade. L’Allemand Simon Schempp, quatre succès en Coupe du Monde cette saison, et le Russe Anton Shipulin, une victoire, en plus de sa deuxième place provisoire au CG, sont en mesure de se parer d’or. 

Les deux hommes approchent de leur plénitude (27 ans pour le premier, 28 pour le second) collectionnent les places d’honneur en grands championnats et les courses gagnées sur le circuit (9 et 8 )… mais n’en ont toujours pas remporté le classement général, ni la moindre médaille d’or (hors relais) olympique ou mondiale. Une anomalie bientôt réparée ?

Ils font en tout cas partie des rares biathlètes à rivaliser avec le quadruple tenant du titre du Gros Globe sur les skis (avec Johannes Boe notamment), qui ne les surclasse pas dans ce domaine qu’il maîtrise tant.

Eder, le franc-tireur ; quid de Fak et Lesser ?

C’est par l’efficacité devant les cibles, et la rapidité d’exécution sur le pas de tir que passent parfois les exploits en biathlon. A ce petit jeu, Simon Eder est redoutable (en tête de l'Individuelle, cette saison). La gâchette autrichienne se caractérise par son efficacité – 88% de tirs réussis, soit aussi bien que Martin Fourcade et Emile Svendsen, et mieux que Schemp (87), Shipulin, les frères Boe (86 et 83 pour Tarjei et Johannes) etc. – mais surtout par sa vitesse pour dégainer. Cette capacité ne le conduit que très rarement  au succès, mais fait d’Eder le meneur d’une Autriche dense au second plan (Landertinger, Eberhard), et un adversaire non négligeable.

Autres clients attendus au tournant : Erik Lesser (Poursuite) et Jakov Fak (Mass start) auront un titre à remettre en jeu à Oslo. En 2015, leurs victoires respectives couronnaient deux belles années, les meilleures de leur carrière. La confirmation est compliquée, mais en bonne voie, pour l’Allemand (sa 16e place au CG est embellie par une épreuve remportée)… alors que Slovène n’est que l’ombre de lui-même (43e – 3e l’an passé).

Marie Dorin-Habert, elle aussi, fait face au poids d'excellents résultats.

Gabriela Soukalova

Dorin-Habert, un nouveau statut à assumer

Sprint et Poursuite. Un doublé qui marque les esprits. Quelques mois après la naissance de sa fille, la biathlète française glane ses deux premières breloques mondiales (elle en avait décrochée une aux JO, en 2010 – bronze sur le sprint) et elles sont du métal le plus apprécié.

Ce coup d’éclat réveille-t-il les ambitions de Gros Globe de la Française, quatrième du classement général de la Coupe du Monde en 2013 ? Elle s’est montrée prudente à ce sujet tout au long de la saison, mais figure aujourd’hui encore sur le podium (2e à 135 points de Soukalova). Quelques difficultés au tir (moyenne de 86%, tout de même), notamment au debout quand la tension est maximale, représentent le principal obstacle à ses aspirations : lever à nouveau les bras lors de ces Championnats du Monde

Wierer, une progression à valider

Elle non plus, n’est pas irréprochable carabine en main, bien qu’elle la manie très bien. Dorothea Wierer, sur les talons de Dorin-Habert au CG (3e, 8 points de déficit), affiche le même taux de réussite qu’elle. Autre point commun : la vitesse de ski. Un atout dont elle aura bien besoin pour s'octroyer sa première médaille dans un grand championnat (sans compter celles acquises collectivement).

L’Italienne était sur une meilleure dynamique en 2016 (5 podiums dont 2 victoires, contre 2 et 0 pour Marie) avant que l’étape de Presque Isle ne brise son élan retrouvé. Deuxième de la poursuite, aux Etats-Unis, Kaisa Mäkäräinen avait bien besoin de retrouver un peu de confiance, elle qui n’a plus gagné depuis fin 2015 et réalise pour l’instant une saison en demi-teinte.

Mäkäräinen, une relative déception à gommer 

Magdalena Neuner et Tora Berger à la retraite, Darya Domracheva absente toute l’année (mononucléose) : débarrassée de toutes ses plus grandes rivales, la Finlandaise, qui n’a pas quitté le « top 5 » du CG de la Coupe du Monde depuis 2010/2011, en était la favorite. Elle se contente pour le moment du quatrième rang et de deux épreuves victorieuses. Un moindre mal vu son potentiel.

Derrière les trois dauphines de Soukalova, ce sont les Allemandes, irrésistibles pendant un mois (six succès en huit courses entre le 11 décembre 2015 et le 10 janvier 2016), qui font office de dangereuses outsiders, Franziska Hildebrand et Laura Dahlmeier en tête (1).

Eckhoff, des problèmes au tir… et un peuple à ravir 

Sur qui reposeront alors les espoirs norvégiens ? Sur Tiril Eckhoff, et ses skis supersoniques ! Avec seulement 79% sur le pas de tir, difficile d’aspirer à d’excellentes performances en biathlon. Pourtant, la biathlète de 25 ans figure à un honnête douzième rang au CG et peut sortir de sa boite lors d’une bonne journée. Symbole de son aisance sur la piste : elle a terminé 3e de la Mass Start de Ruhpolding (I), le 10 janvier dernier, malgré deux tours de pénalité… devançant ainsi quatre concurrentes ayant signé un 20/20. Soukalova, avec le même bilan qu'elle, au tir, avait terminé 7à 27 secondes d'Eckhoff.

 

Celle-ci n’offre donc que peu de garanties au public norvégien, qui peut tout de même espérer d’elle une folle chevauchée. Enfin, à l’image de Fak et Lesser, Ekaterina Yurlova (Individuelle) et Valj Semerenko (Mass Start) traversent 2015/2016 plutôt anonymement (21e, une course gagnée, et 39e, zéro pointé), dans la foulée de l’obtention d’une breloque dorée. Peuvent-elles être là le « jour j » ? 

 

 

 

Les deux visages du biathlon 

Quant à eux, les deux ogres du circuit, Martin Fourcade et Gabriela Soukalova, opposeront leurs arguments habituels à la dissidence. Dans des styles très différents. Le Français, qui s’est même essayé au ski de fond (voir article sur sa préparationest presque intouchable à « fautes égales », et la Tchèque est un métronome affolant de régularité (92% de réussite face aux cibles) depuis le début de l’année. Son "pire" classement, après dix-neuf courses ? Neuvième. Elle, qui n'a jamais étreint le Gros Globe, fonce vers un premier sacre. 
Vers eux, tous les regards sont tournés. C’est le lot des Champions, dont la place au sommet est si convoitée.

Simon Farvacque

*les autres distinctions s’obtenant en doublon avec celles des Jeux de Salt Lake City (depuis, les Mondiaux sont annulés lors des années olympiques). 

(1) Six dans les vingt-cinq premières. Elles seront peut-être moins "entamées" physiquement, ayant fait plusieurs impasses : http://biathlonresults.com/?view=cups_cupresults (Dahleimer ou encore Preuss n'ont participé qu'à 12 courses sur 19, par exemple). Classement féminin : 

http://www.lequipe.fr/base/universel/classement/biathlon-femmes.html

Classement masculin : 

http://www.lequipe.fr/base/universel/classement/biathlon-hommes.html

Programme complet, comprenant les relais (retransmission sur L’équipe 21) :

http://www.meltyxtrem.fr/championnats-du-monde-de-biathlon-2016-programme-des-epreuves-a-oslo-du-3-au-13-mars-a502574.html

Statistiques (au tir, notamment) : 

http://biathlonresults.com/?view=statistics_page

Autres sources :

http://www.nordicmag.info/vu-de-norge-73-svendsen-le-plan-de-la-derniere-chance-0223/

http://www.meltyxtrem.fr/championnats-du-monde-de-biathlon-2016-programme-des-epreuves-a-oslo-du-3-au-13-mars-a502574.html

Publié le 2 mars 2016 


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